« Nous avons constaté que les casques bleus ne nous apportent rien, nous avons donc décidé que vous ne nous apportiez que de votre aide matérielle, mais que ça soient des troupes africaines qui se battent désormais chez nous pour régler nos conflits ». Le discours polémique mais éminemment historique du président Condé s’est voulu clair : Si la France et les autres pays occidentaux veulent continuer de compter l’Afrique parmi leurs amis, ils doivent se résoudre à traiter avec elle d’égal à égal, toutes considérations de potentiels respectifs mise à part, et seule ne devant compter que ce droit inaliénable dont l’homme est doté et qu’on appelle LA DI-GNI-TÉ-.
Le dîner officiel offert par le locataire de l’Elysée au président guinéen Alpha condé n’a pas empêché cet hôte africain pas comme les autres, de déployer son « incorrigible » franc-parler, et de dire aux autorités françaises, en présence des plénipotentiaires des autres grandes puissances et organisations internationales présentes, ce qu’ils n’auraient jamais souhaité entendre d’un chef africain au sujet de la volonté de l’Afrique de rompre avec le statut de pupille de l’Europe pour se prendre définitivement en main.
Fort de sa double qualité de chef de l’Etat guinéen et de président de l’Union Africaine (UA), c’est un Alpha condé tout feu tout flamme dans sa posture de pourfendeur des indépendances factices, et bien déterminé à porter au plus loin les aspirations de l’Afrique à une indépendance véritable et totale vis-à-vis de l’occident en général et de la France en particulier, qui a rencontré le 11 avril dernier, son homologue français, François Hollande.
Le dîner élyséen du 11 avril a en effet tout simplement servi de tribune à ce chef d’Etat pour réitérer une position courageuse qu’il avait déjà prise deux semaines plus tôt en terre africaine en préconisant une rupture radicale avec la France et L’union Européenne. Une rupture qui n’est pas synonyme de retour en autarcie que nul ne peut plus s’autoriser dans un monde qui se globalise irréversiblement, mais qui signifie la cessation de la dépendance maladive d’une Afrique, qui se croit toujours obligée de tendre la sébile quand bien même elle a les moyens de s’affirmer comme une entité à part entière dans le concert des nations, ouvrant ainsi la voie à son exploitation sauvage par des peuples plus malins qui s’y livrent à cœur joie, moyennant quelques subsides insignifiants.
En tout cas, pour Alpha Condé qui parle au nom des Africains, « Nous ne souhaitons plus que des soldats français aillent mourir en Afrique, mais nous préférons que l’Afrique prenne son destin en main, que vous aidiez à avoir des équipements mais que ça soient des Africains, comme nous sommes en train de le faire en Somalie qui se battent sur le théâtre des opérations… Nous ne voulons plus être jugés par des Ong … »
Rebelotte
Il convient de noter que le discours du président Condé devant ses hôtes hexagonaux n’était qu’un remake d’un discours qu’il avait tenu le 28 mars dernier à Abidjan en Côte d’Ivoire.
Les relais traditionnels que sont les médias ont presque fait le black-out sur l’événement, le commentant de manière fragmentaire ou laissant aux réseaux sociaux le soin de s’en charger, avec ce que cela peut impliquer de superficialité, là où l’on aurait attendu des analyses profondes.
« Nous sommes encore trop attachés à la puissance coloniale. Il faut couper le cordon ombilical », a martelé le président guinéen et non moins président en exercice de la Conférence des chefs d’Etats de l’Union Africaine, à l’intention de ses homologues et de leurs représentants venus du Tchad, du Togo, du Sénégal, du Gabon, d’Afrique du Sud, de Tanzanie, du Libéria…). « Nous devons nous faire confiance… L’Union Africaine est financée par l’Union Européenne. Comment voulez-vous parler d’indépendance ?… »
Le 28 mars dernier à Abidjan, le président guinéen, le Pr. Alpha condé, a saisi le prétexte de la 2ème Conférence Internationale sur l’Emergence de l’Afrique pour dire qu’il en avait gros sur le cœur de cette servilité qui caractérise l’attitude de l’Afrique (francophone notamment, ndlr) vis-à-vis de la puissance colonisatrice qu’est la France.
« Nous sommes encore trop attachés à la puissance coloniale. Il faut couper le cordon ombilical », a martelé le président guinéen et non moins président en exercice de la Conférence des chefs d’Etats de l’Union Africaine, à l’intention de ses homologues et de leurs représentants venus du Tchad, du Togo, du Sénégal, du Gabon, d’Afrique du Sud, de Tanzanie, du Libéria…). « Nous devons nous faire confiance… L’Union Africaine est financée par l’Union Européenne. Comment voulez-vous parler d’indépendance ?… », enchaînera-t-il, un peu comme pour inviter les peuples africains à suivre l’exemple des pays d’Asie (Chine, Indonésie, Malaisie, Vietnam) et d’Amérique du Sud (Brésil, Chili, Colombie) représentés à cette conférence, tous des pays anciennement colonisés ou sous tutelle de puissances occidentales, dont la notoriété induite par leur niveau de développement, fruit de leurs propres sacrifices, suffisait à illustrer son propos, ainsi que l’idée que les pays d’Afrique peuvent s’en sortir en se défaisant de la tutelle encombrante de l’Occident tutélaire en général et de celle contraignante de la France qui reste le seul ancien colonisateur à avoir un pré-carré en Afrique dont elle fait de certains pays sa chasse gardée.
« J’ai oublié de dire à Alpha que nous étions en direct » a dit un Alassane
Evidemment, cette invite cinglante de l’homme d’Etat guinéen qui semble marcher sur les sentiers tracés par les véritables pères de l’indépendance de l’Afrique (Ahmed Sékou Touré, Modibo Keita, Sylvanius Olympio, Ahmed Ben Bella, Houari Boumedienne, Um Nyobe, Amil Cabral, Agostino Neto, Sam Nujoma, Robert Mugabe…) n’était pas du goût de certains de ses homologues généralement rangés non sans raison dans la catégorie des potentats et autres substituts néocoloniaux, à l’instar de son homologue ivoirien et hôte du sommet qui, l’air de faire une plaisanterie, s’est livré à un futile numéro de recadrage dont le ponce-pilatisme n’a pas échappé aux commentateurs : « J’ai oublié de dire à Alpha que nous étions en direct » a dit un Alassane Dramane Ouattara dont les conditions de prise du pouvoir en Côte d’Ivoire, il y a six ans, sont inscrites en lettres de sang dans la chronique des avènements au pouvoir, comme l’une des plus sulfureuses illustrations de la sempiternelle domestication de l’Afrique par la suzeraine France. Bien sûr, le président Condé qui n’a rien perdu de cette verve sankariste qu’on lui connait ne s’est pas complu en circolocutions diplomatiques pour … infliger la réponse du berger à la bergère : « Alassane, moi j’assume ce que je dis ». Et pan sur l’avertisseur ! Sous les applaudissements nourris des participants.
Regardez et écoutez les discours des deux chefs d’Etats, pour comprendre que si « la France a finalement rencontré garçon » comme le diraient les ivoiriens, il y a toujours des laquais qui surgissent de quelque part pour tirer l’Afrique vers le bas. Une façon d’être plus royaliste que le roi, du moment où chez nos anciens colonisateurs mêmes, ils sont de plus en plus nombreux à penser que l’Afrique doit prendre son destin en mains et mettre fin à sa vassalisation, ne serait-ce que pour laisser l’Occident régler ses propres problèmes.
Réaction du président Alassane Dramane Ouattara
Camerronvoice
Ndam Njoya Nzoméné
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