Quand le mensonge a dix ans, il devient inévitablement une vérité (proverbe malien). Ici, le mensonge véhiculé sur la santé du premier ministre Ahoomey-Zunu, premier ministre du Togo, est depuis devenu une réalité. Le bruit courait depuis des années sur cette maladie ô combien dangereuse. Chaque Togolais commentait au gré de ses humeurs. Mais personne ne pouvait parier un morceau de pain sur le jour où le plus zélé des premiers ministres que le Togo ait jamais connu tombera sur un lit d’hôpital gboya ! Pour la simple raison que leur patriarche et général défunt avait donné l’ordre de tout cacher. Ne leur conseillait-il pas de ne jamais laisser des preuves écrites ? On se rappelle, comme hier, le jour où il se fendait les pectoraux pour dire à un journaliste de Béchir Ben Yamed (Jeune Afrique) qu’en quarante années il serait tombé une seule fois malade. Prenant la smala de courtisans et griots autour de lui à témoin, il ajouta que c’était une dysenterie amibienne. Faure ne va pas détruire cet ordre ancien. La dynastie va continuer dans la même fumisterie et dans le même mensonge. Et pourtant, la mort de la femme d’Ahoomey-Zunu portait l’encre indélébile d’une fâcheuse maladie. Ainsi dit, ce concert de tirs groupés de la presse togolaise sur la santé du premier ministre semble désormais être une vérité, une cruelle vérité ? Et pour cause. Pour la première fois, le gouvernement togolais reconnait qu’un des leurs est mortel donc capable de tomber malade. Eduqué à mentir à la population depuis le règne d’Eyadema sur la santé des « preux » de la république, Faure Gnassingbé a été obligé cette fois de lever le pied sur ce qu’ils appellent là-bas « secret d’Etat » lors d’un conseil des ministres. Chose curieuse, il ne revenait pas au ministre de la santé d’informer le chef et ses collègues sur l’état de santé d’Ahoomey-Zunu mais au prince lui-même. Le site de propagande www.republicoftogo.com peut écrire sans sourciller : « Lors du conseil des ministres, qui s’est tenu mercredi, le président Faure Gnassingbé a informé le gouvernement de l’état de santé du chef du gouvernement ».Ambiance !
Faure : On fait quoi d’un malade, du malade Ahoomez-Zunu ?
À présent que tous les Togolais savent leur premier ministre malade, on fait quoi ? On le laisse revenir terminer son chantier d’autant plus qu’il a été de nouveau retenu pour terminer la construction de sa bâtisse, ou on le change ? Bien que l’homme n’ait aucune assise populaire, pour n’avoir récolté dans les urnes, lors des élections législatives de 2007, que 3000 voix ; on fait quoi de lui ? Le remplace-t-on par un homme qui a une assise populaire pour conforter le ministre Gilbert Bawara dans sa lutte pour une démocratie populaire où on attend « l’idiot-utile » d’Edem Kodjo ? Autant de questions que les Togolais se posent. Mais, quel que soit la fin de ce mélodrame, Ahoomey-Zunu ne pourra plus lever le petit doigt et nous mentir qu’au-delà de la fatigue qui se dégage dans sa marche, une vilaine maladie n’a pas pris ses quartiers dans sa chair, dans son corps. Quel que soit la fin du film, pour certains Togolais c’est un sida aigü, et pour d’autres troubadours une péritonite aigüe. Ici aussi il y a une formule qui peut rétablir la vérité. Soit les députés, donc le peuple, exigent qu’on lève le secret d’état en publiant les analyses au journal officiel ou par sursaut de faire rentrer votre pouvoir dans la modernité en envoyant votre bien zélé, ami et premier ministre au repos.
Quand on est malade, ce n’est point une honte que de libérer le plancher pour laisser place à d’autres plus méritants!
Prompte guérison de toute la rédaction Lynx.info
Taffa Biassi Lynx.info