Blaise Compaoré a jugé judicieux de se construire un RSP à côté de notre armée nationale
Des soldats n’ont pas compris la marche du monde à Ouagadougou. Déformation professionnelle oblige, ils ont pensé que le muscle primait sur le cerveau. Le propre de l’erreur, c’est que l’auteur se rend compte de sa bévue après coup. A Ouagadougou, ça va plus loin. Car, c’est toute la classe politique africaine qui est concernée, tiraillée, interpellée par ces événements.
Afrique : La fin du pouvoir des prétoriens
Il faut toujours écouter les fous. Ou alors les imbéciles pouvant passer pour des fous de proximité. A défaut, il faut entendre le chant des saltimbanques. « Nous ne voulons plus de vous… Nous ne voulons plus de vous… Nous ne voulons plus de vous !…. ». Deux décennies que cette diatribe a été lancée par un ivoirien chevelu sur les podiums. D’autres chanteurs ont donné de la voix. Puisque la multitude est privée de tribune, elle s’approprie les concerts publics. Mais les tenants du pouvoir n’ont pas entendu, n’ont pas écouté, n’ont pas su comprendre. Et voila toi, ho kokoroko !
Vous trouvez, cher ami, cher frère, mon compatriote, ma sœur amère, ma mère épluchure secrète de l’âme, ma tante douleur, mon autre moi, vous trouvez que je parle trop. Que j’écris trop. Que l’heure n’est plus aux émotions ? Et moi, petite chose pétrie de fraternité, je vous dis que vous avez raison.
Toutefois, la narine du taureau sent bien qu’il faut la lumière au petit matin, pour confirmer l’intuition du sabot sur l’état du sentier.
Blaise Compaoré suite et fin
Pourquoi j’ai parlé de pouvoir des prétoriens ? Poser la question, c’est y répondre. Les mots ont une chair, une substance, une vie. Il faut donc situer le lecteur.
« Dans l’Antiquité romaine, la garde prétorienne était une unité de l’armée romaine constituée de soldats d’élite initialement recrutés en Italie. Ces unités tirent leur origine du petit groupe d’hommes dont s’entouraient les magistrats républicains connus sous le nom de préteurs et leur nom du camp des légions romaines où était dressée la tente du commandant de la légion, le prétoire (latin : prætorium), quand ils partaient en campagne. C’est l’une des unités militaires les plus célèbres de l’histoire romaine. »
Ainsi fait, chaque roi, chaque empereur ou ce qu’on veut, un chef quoi, chaque « moogo puissant » se construisait une milice privée pour sa propre protection. Et voilà pourquoi un peureux au pouvoir comme Blaise Compaoré a jugé judicieux de se construire un RSP à côté de notre armée nationale. Cette même milice privée qui a pris en otage la pensée des Burkinabè, qui a pris en otage la parole des Burkinabè, qui a pris en otage les faits et gestes des Burkinabè.
Blaise Compaoré failli, se fuyant lui-même, gravement esseulé, séquestré par sa propre peur dans sa belle famille en Eburnie, le RSP connaît aujourd’hui la peur du vide. Et que fait un homme apeuré les armes à la main ? Il montre les dents !
Le pouvoir des gens ordinaires
Habitués à mépriser ces fumiers de « sagnouls » (entendez par là, lecteur à l’oreille indulgente, « civil »), habitués à empocher du « merci patron, merci chef » (prébendes obscures et indistinctes), formés à penser qu’après Dieu il y a le militaire (quand bien même lui-même RSP se sait un militaire factice), eh bien ! Ces jeunes filles et ces jeunes garçons sont égarés. Ce qui est, somme toute, normal.
Voilà le cadeau que nos « conducators » nationaux nous ont légué. Un cadeau que nous devons aujourd’hui gérer. Avec leurs attitudes erronées, avec leurs croyances insensées, avec leurs stupidités adroites.
Et nous disons « NON », un gros « NON »
Communauté internationale. Ce matin, je me devais, Burkinabè embourbé dans ses doutes, ses incertitudes et ses interrogations, je devais vous adresser mes suppliques. Voilà ce à quoi nous sommes rendus. Nous ne sommes pas Jules. Nous ne voulons pas être César. Nous ne voulons pas des restes d’un Jules César de pacotille dans nos contrées.
Si vous ne voulez pas nous débarrasser de ces saletés que charrient des temps mauvais, ne nous empêchez pas de faire le ménage dans la case de l’oncle Tom.
Sayouba Traoré,
Journaliste, Ecrivain