La culture de la trahison en politique [Dr Serge-Nicolas N’zi]

0

Le 15 mars de l’an 44 avant jésus Christ, Jules César, reçoit 23 coups de poignards à l’intérieur même de la curie de pompé ou le sénat tient sa session. 23 sénateurs le poignardent l’un après l’autre. En voyant Decimus Brutus parmi les conjurés, il avait prononcé cette phrase terrible dans laquelle tous les traitres se reconnaissent : Brutus, toi aussi mon fils.

I – Le 15 octobre 1987, Ouagadougou, la capital du Burkina Faso, fut le théâtre d’une immense tragédie pour l’Afrique, car un homme juste profondément impliqué dans la construction d’une vie de dignité pour son pays et son peuple, fut assassiné par ces amis qui la veille avaient partagé le repas de midi avec lui. La mort du capitaine Thomas Sankara, avait mise à nue la trahison et la forfaiture qui sont devenues des habitudes dans la vie politique de nos malheureux pays africains.

On a l’impression que le champ politique est le domaine privilégié ou la trahison se manifeste plus qu’ailleurs. Juda Iscariote, avait les trente pièces d’or dans sa bourse quand il embrassait Jésus Christ pour la dernière fois. Il se pendra par la suite en voyant lui-même l’immense désastre que provoque sa propre trahison.

Le 15 mars de l’an 44 avant jésus Christ, Jules César, reçoit 23 coups de poignards à l’intérieur même de la curie de pompé ou le sénat tient sa session. 23 sénateurs le poignardent l’un après l’autre. En voyant Decimus Brutus parmi les conjurés, il avait prononcé cette phrase terrible dans laquelle tous les traitres se reconnaissent : << Brutus, toi aussi mon fils. >>

En décembre 1960 c’est le colonel Joseph Désiré Mobutu, ami de Lumumba, qui prend la décision d’arrêter le président du mouvement nationale congolais et premier ministre, Patrice Emery Lumumba. Il fut livré comme un colis avec ses compagnons d’infortune. Maurice Mpolo qui était son Ministre de la Jeunesse et Joseph Okito vice-président du Sénat congolais. Ils furent assassinés le 17 janvier 1961 et leur corps dissout dans de l’acide Sulfurique.

– Le 20 février 1934, Sacasa nomme un délégué présidentiel dans les départements du Nord afin de les retirer de l’emprise de Somoza. Le 21, ce dernier, furieux, est reçu par Arthur Bliss Lane, le nouvel ambassadeur US. Le même soir, Sandino et deux de ses généraux quittent la table présidentielle. A 21 h 30, ils sont arrêtés par la Garde nationale.

Somoza et quatorze de ses officiers ont scellé ce complot dans le sang: Augusto César Sandino et ses généraux sont emmenés en camion sur un terrain d’aviation, où ils sont froidement abattus; leurs corps ne seront jamais retrouvés. Le lendemain, l’assaut contre la communauté de Wiwili est lancé: 300 morts. Le traitre est celui qui tue facilement car sa survie en dépend.

L’histoire de l’immense tiers monde dont nous sommes les fils pilules de trahisons, d’inconséquences et d’irresponsabilités. Certains croient qu’en s’alliant aux seigneurs du moment ils font une bonne affaire. Non Mobutu sur son lit de mort, pleurait le cancer qui le rongeait, il pleurait aussi le pays perdu, mais aussi la trahison, car tout ce qui s’obtient dans ce registre se termine toujours dans l’isolement, l’amertume et la mort.

II – Le visage de la trahison est devant nous

Peut-on faire de la politique sans trahir ses convictions et les idéaux de son propre camp? C’est la grande question qui assaille tous les africains qui veulent voir loin en commençant par voir ce qui est devant eux. Dans les sociétés africaines le traître est considéré comme une personne maléfique qui est perçue comme l’incarnation du diable.
En définitive, la trahison touche aujourd’hui les relations humaines dans toutes les sphères possibles : la famille, l’amitié, la relation à plus puissant que soi, au souverain et même la relation à Dieu (puisqu’il peut s’agir d’une rupture de foi). La trahison modifie l’équilibre du monde.

Le traître brise l’ordre moral, social et pervertit les solidarités. La trahison est souvent causée par l’envie, la soif de pouvoir, l’ambition : la volonté de s’élever au dessus de sa condition, de sortir d’un état de dépendance, de s’affranchir d’une domination. En ce sens elle est aussi un danger pour la société, pour sa cohésion et sa stabilité.

Nous observons aujourd’hui sur la scène politique de nos pays africains des hommes et des femmes qui se livrent sans vergogne à des transhumances politiques qui les font passer d’un parti à l’autre rien que pour être dans le cercle de celui qui est au pouvoir. Quels projets de société ont-ils à nous proposer pour renforcer le bonheur commun et le vivre ensemble ?

Leurs comportements nous fait dire ici que la psychologie humaine est un champ très vaste de travail et toutes les sensibilités méritent le même intérêt, si nous voulons trouver des explications cohérentes à la relation que chaque peuple entretien avec son univers mental et social. Nous voulons jeter un regard sur la traîtrise dans la vie humaine et en politique surtout, car c’est un domaine de la vie qui engage la vie et le futur de millions de personnes.

Cette démarche nous conduit immédiatement à des questionnements dont nous ne sommes pas certains d’avoir les réponses. Comment un homme normal qui a été élut pour veiller au bien être des habitants de son pays, peut-il signer un contrat complètement défavorable à son pays ? Comment peut-on être un chef d’Etat non pas au service de son pays, mais pour préserver les intérêts d’une tiers puissance dans le pays qu’on dirige ?

Le chef de l’Etat agent étranger dans son propre pays est la réalité la plus humiliante et la plus indigne des 50 ans d’indépendance de nos pays africains. Nous sommes même arrivé à des situations invraisemblables en Afrique où des gouvernements ont accepté de réaliser des projets grandioses non pas dans l’intérêt du pays, mais pour les commissions financières juteuses qui seront empochés par les un et les autres.

Le cas des surfacturations des complexes sucriers en Côte d’Ivoire dans les années 1970 reste un cas d’école dans lequel les complexes achetés par des pays voisins à 5 milliards de Francs CFA, ont été vendus à ce pays à 11 milliards de Francs CFA, et en bonus les auteurs de la surfacturation n’ont jamais été poursuivis en justice.

Dans un pays, lorsque le président élut par la majorité de ses concitoyens, s’appuie sur son groupe ethnique pour gouverner, tous ceux qui ne sont pas du bon groupe ethnique se sentent trahis. Dans un tel système, la plupart des entreprises d’Etat et tous les ministères importants de souveraineté sont occupés par les membres de l’ethnie présidentielle, laissant aux autres, la condition féminine, la petite enfance, les sports et loisirs, la francophonie, le tourisme et l’artisanat.

Dans un tel système la promotion économique, sociale et professionnelle de ceux qui ne sont pas de l’ethnie au pouvoir est parfois durablement bloquée par l’arbitraire de ce système inique qui régit la vie des institutions et de l’Etat. Il s’en suit un sentiment de trahison, une frustration, une tristesse, une grande amertume et un ressentiment qui fini par gangrener le corps social de la nation et conduire le pays à des violences incontrôlables.

Le Togo des Eyadema avec les Kabyés, le Zaïre de Mobutu avec les Gbandis, la Côte d’Ivoire d’Allassane Dramane Ouattara avec les ressortissants du Nord aux premiers rangs ainsi que le Rwanda d’Habyarimana avec les hutus, illustrent parfaitement cette vision rétrograde de l’exercice du pouvoir politique au service d’un groupe contre le reste de la nation.

Nous vivons dans un monde d’impostures, un monde obscure et incertain que l’on dit entre chien et loup, la facilité, la médiocrité, la lâcheté, la corruption, la trahison, la compromission, la forfaiture et la méchanceté gratuite ont pris de l’avance sur la raison, le bon sens, la justice, la paix. La simple fraternité humaine et le courage de vivre ensemble dans un monde qui nous appartient tous, sont devenus des rêves inaccessibles à notre génération.

Dans les temps anciens, on coupait la langue du menteur, on coupait la main du voleur et on pendait le faux témoin ou le lâche, car le lâche c’est, celui qui renie sa propre parole et qui manque à son devoir d’homme. Être lâche, c’est manquer de courage mais aussi installer durablement le faux dans la vie commune. Notre frère le capitaine para commando, Isidore Noël Thomas Sankara, fut trahi et tué par ceux qui prétendaient être ses amis, si non ses compagnons d’une révolution démocratique et populaire, ayant pour but la libération de son pays à l’assujettissement et au capital étranger. C’est aussi cela le visage de la félonie en politique.

Les contrats dans les temps anciens étaient conclus sur la base de la parole donnée, observons simplement aujourd’hui l’engorgement des tribunaux pour les cas de contestation de signatures sur des documents écrits, pour nous rendre compte que la modernité est parfois un immense recule dans la communauté des hommes. Pourquoi trahir est devenu aujourd’hui une seconde nature chez les êtres humains ?

Il est même arrivé des situations incroyables ou la religion trahit son propre message. Le silence coupable de l’église catholique face au sort des juifs pendant la guerre est sous nos yeux. Les États-Unis n’ont-ils pas soutenus et permis aux Khmers rouges du Kampuchéa de siéger à l’ONU de 1975 à 1979?

Les USA, n’ont-ils pas vendu des armes à l’Iran qui était sous embargo international à la demande Américaine ? La France qui prétend être la patrie des droits de l’homme, n’a-t-elle pas formée équipée et entraînée l’armée mono ethnique Hutu du génocide Rwandais ? Comme vous le constatez un pays peut trahir ses propres convictions et violer sa propre morale.

La vie sur terre nous donne souvent l’occasion de voir de nos yeux le mal, cela nous fait apprécier le bien. La stupidité nous fait apprécier l’intelligence dans l’être humain. La félonie nous fait apprécier la sincérité des hommes et des nations. Les africains ont pour cela beaucoup de considération pour les pays qui savent honorer la parole donnée.

C’est pourquoi nous voyons la nuit pour mieux apprécier le jour, le silence pour que la parole ait un sens, la maladie pour que la santé ait un sens, la guerre pour que la paix ait un sens, la mort pour mieux apprécier la vie et nous remercions tous Dieu de nous avoir donné la fatigue et les peines pour que le repos et la joie aient un sens.

La félonie, est un acte de trahison d’un sujet envers son souverain, dans le droit moderne, on peu l’assimiler à la haute trahison ou au crime contre l’intérêt national. C’est aussi l’image de l’infidélité, de la déloyauté et de la forfaiture. Accepter l’argent de l’étranger et prendre les armes contre son propre peuple est un acte indigne qui fait de vous un traître et un félon.

Exemple : la rébellion katangaise de Moïse Tschombé qui avait reçu l’argent et le soutiens des occidentaux pour déclencher le 11 juillet 1960, la sécession katangaise qui a affaiblit le Congo et le gouvernement de Patrice Lumumba pour permettre l’arrivée d’un certain Joseph Désiré Mobutu, au pouvoir était une félonie et une forfaiture dont le Congo ne s’est pas encore remis jusqu’aujourd’hui.

Autres exemples : Pendant les années de plomb de l’apartheid, il y avait des noirs qui en échange d’un peu d’argent, collaboraient avec la police blanche raciste et criminelle pour dénoncer les nationalistes noirs et indiquer les lieux de réunions de ceux qui luttaient pour une société libre et juste pour tous. Comment un homme normal peut-il trahir sa propre cause et son propre avenir ? C’étaient des cas de trahisons et de forfaiture qui nous sidèrent et nous donnent froid dans le dos aujourd’hui encore.

Les 6000 iraniens, rémunérés par la CIA, qui marchèrent le 19 août 1953 sur le parlement Iranien pour exiger la démission du premier ministre iranien le Dr Mossadegh, étaient des traîtres, des félons qui travaillaient sans le savoir contre les intérêts pétroliers de leur propre pays. Car en échange, le pays a eu droit à la dictature du Shah, qui a favorisé l’avènement de l’ayatollah Khomeiny et l’institutionnalisation de l’intégrisme islamique en Iran de 1979 à ce jour.

Les rebelles ivoiriens qui en complicité avec la France, ont déclenché une guerre absurde, pour tuer des innocents, violer et éventrer des femmes, piller les maisons et les ressources du pays, jeter des milliers de personnes sur les routes dans le seul but d’obtenir le départ de Laurent Gbagbo du pouvoir, ont posé un acte de forfaiture digne d’une félonie contre leur propre peuple.

Il va falloir un jour faire le bilan de cette rébellion pour se rendre compte qu’au final la partition de la Côte d’Ivoire a profité à ses voisins par le détournement des ressources du pays. Que cela à aussi affaiblit la capacité de production de la Côte d’Ivoire. Même ceux qui ne sont pas des tifosi de Gbagbo Laurent, reconnaissent aujourd’hui que les moyens qui ont été utilisés contre lui et son pays, relèvent pitoyablement, du brigandage et du gangstérisme.

III – Les amitiés en politique

Un ami est une personne à laquelle on est liée par une relation d’amitié. En politique les brouilles, les grandes et petites trahisons entre amis peuvent féconder du jour au lendemain les pires ennemis. Le champ politique a toujours été le vaste cimetière des amitiés et nous pouvons le démontrer ici avec des exemples concrets :

Hamed Ben Bella et Houari Boumediene, en Algérie. Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia au Sénégal. Hamed Sékou Touré et Fodéba Keita en Guinée. Félix Houphouët-Boigny et Jean Baptiste Mockey en Côte d’Ivoire. Patrice Emery Lumumba et Joseph Désiré Mobutu au Congo. Hamani Diori et Bakary Djibo au Niger. Yakubu Gowon et Emeka Odjukwu au Nigeria. Kwamé Nkrumah et Joseph Danquah au Ghana. Hassan II et Medhi Ben Barka au Maroc. Nasser et Mohamed Neguib en Egypte. Gabriel Robert Mugabe et Joshua Nkomo au Zimbabwe, David Dako et Jean Bedel Bokassa en RCA ou Thomas Sankara et Blaise Compaoré au Burkina Faso, Bref la liste est longue.

Dans le cas de la Côte d’Ivoire, Allassane Ouattara et Laurent Gbagbo ne sont pas des amis, ils se fréquentaient au début du mandat de Bédié et ont organisé ensemble le boycott actif de 1995. Mais en réalité ils étaient des alliés de circonstance. La politique est aussi un domaine ou la bassesse, la turpitude, la dissimulation, le mensonge, la filouterie et la perfidie se conjuguent toujours pour accoucher très souvent la forfaiture.

En vérité tout oppose les deux hommes. Gbagbo fut jeté en prison quand Ouattara était premier ministre de Côte d’Ivoire le 18 février 1992. Il n’a jamais pardonné à Ouattara les lois anticasseurs crées de toutes pièces pour le mettre en prison.

Laurent Gbagbo, est un authentique fils du pays bété qui refuse tout aplatissement ou soumission politique avec une tiers puissance. C’est le contraire d’Allassane Ouattara, qui se dit ami du monde occidental. L’un à fait carrière dans les institutions financières internationales, FMI et BECEAO, qui sont considéré comme des instruments d’assujettissement de nos malheureux pays africains par l’autre qui est un historien, enseignant de l’université d’Abidjan.

L’un se dit Musulman du Nord de la Côte d’Ivoire et l’autre se dit chrétien évangéliste. L’un est marié à une affairiste française d’origine juive et l’autre à une femme enseignante originaire du sud de la Cote d’Ivoire. Au plan idéologique Laurent Gbagbo et son parti le FPI se situent dans les mouvances socialistes, alors qu’Allassane Ouattara, le franc-maçon affiche son attachement au libéralisme économique et ne cache pas ses amitiés pour le capital financier multinational étranger dont Laurent Gbagbo s’en méfie ouvertement.

Allassane Ouattara considère Laurent Gbagbo comme un accident de l’histoire et ne cache pas son mépris pour le populisme ainsi que cette refondation patriotique éburnéenne qu’il dénonce comme un des pendants de l’ivoirité. Laurent Gbagbo veut rendre la Côte d’Ivoire aux ivoiriens. C’est un nationaliste intransigeant qui est pour le droit du sang. Tandis qu’Allassane Ouattara veut gouverner le pays au profit de tous ceux qui y vivent et qui ont des intérêts dans ce pays. Il est pour le droit du sol.

Il se méfie de la refondation et estime que c’est une vision politique qui va à l’encontre du libéralisme économique dont-il est désormais le porte flambeau en Afrique de l’Ouest. C’est pour cela qu’avec le soutien tacite de ses amis occidentaux il a crut bon d’envoyer durablement son adversaire à la CPI. C’est une erreur monumentale d’appréciation aux yeux de nombreux ivoiriens qui considèrent Laurent Gbagbo, comme la victime de Ouattara et ses alliés.

IV – La froideur des traitres

Salvador Allende était loin d’imaginer que le général Augusto Pinochet, qui se prétendait légaliste était celui qui allait conduire le putsch sanglant du 11 septembre 1973, qui allait provoquer sa propre mort.

Thomas Sankara était loin d’imaginer que c’est le capitaine, Blaise Compaoré, qu’il considérait comme son propre frère qui allait le faire assassiner. C’est la froideur des traitres et leur capacité de tuer sans état d’âme qui nous impressionne. Nous pensons ici à tous ces généraux qui juraient qu’ils seront avec Laurent Gbagbo jusqu’à la mort et pourtant ils avaient déjà pris attache avec le camp adverse en échange d’un poste d’ambassadeur dans une république arachidière ou dans un sultanat pétrolier du golf de guinée. Ils portent tous aujourd’hui le masque hideux de la défection et de la trahison et cela dans une froideur qui ne dérange même pas leur bonne conscience.

.Aujourd’hui la fourberie, la délation, la perfidie et la duplicité ont envahies le champ politique et la vie quotidienne des peuples. Nous pouvons supporter la vérité sans rougir la traitrise se trouve aujourd’hui à tous les coins de rue et dans la cellule familiale. Les alliés d’hier seront les ennemis de demain.

La société africaine est aujourd’hui pervertie, le fils renie le père, la mère renie sa fille, la femme trompe son mari, le mari trahi abandonne femme et enfants pour refaire sa vie avec une femme plus jeune que sa propre fille, nous faisons tous le constat douloureux d’une société en perdition où les dirigeants politiques détournent l’argent public pour leurs petits intérêts sordides, égoïstes et mesquins.

Comment la bassesse, la fourberie, la félonie, la lâcheté, la traitrise, la perfidie, la duperie et la forfaiture, ont-ils pus s’incruster durablement dans cette société africaine qui hier encore avait réussi à survivre aux calamités de l’histoire (colonialisme, travaux forcés, impôts de capitation et humiliations diverses) grâce à sa force morale reposant sur le respect de l’autre, le respect du bien public et le bouclier de la solidarité familiale ? Comment avons-nous pu tourner si facilement le dos à l’intelligence, pour nous embourber aussi profondément dans la médiocrité ?

L’argent roi, l’argent devenu maître a étouffé les énergies, dicté les extravagances et les faiblesses de notre société en ouvrant les portes à toutes les indécences et à tous les abus. L’argent à tout prix a mis en danger la culture authentique de nos peuples africains. Cela débouche sur de moins en moins de liberté, moins de respect les uns envers les autres et la famille déboussolée en hypothèque.

Verrès et Catilina surgissent de partout et il n’est même plus de Cicéron pour dénoncer les scandales qui s’accumulent. Néron plus arrogant que jamais s’est installé, ce qui annonce l’heure des martyrs…

Nous nous sommes retrouvés assassins de nos propres valeurs. Abel disparu, nous ne pouvons plus dormir. L’œil est allumé dans notre nuit de honte et a conduit beaucoup d’entre nous à prendre le chemin difficile et douloureux de l’exil à l’étranger. Telle est l’analyse que nous faisons de la situation de nos pays africains et de nos populations en ces heures difficiles où il est plus qu’urgent de reconstruire la confiance depuis la cellule familiale jusqu’au sommet de l’Etat.

V – Postulat de conclusion générale

Le prix de la trahison, oui toute chose ici bas a un prix. Les traitres s’en sortent souvent grâce à des combines ou au camouflage qui fait parti de leur nature. Tous les témoignages concordent, le maréchal Mobutu, ce vulgaire phallocrate qui avait gouverné le Zaïre, pleurait de douleur dans son lit d’hôpital à Rabat au Maroc, la morphine n’avait plus d’effet. Entre deux sanglots il faisait aussi le constat du vide qui lui restait et de l’immense désastre du pays perdu ainsi que des amitiés qui se sont volatilisées du jour au lendemain.

Il pleurait sa propre fin et le dénuement de ses heures douloureuse ou il voyait de ses propres yeux, la vanité et l’éphémère du pouvoir, le pauvre dans sa détresse il eu ce constat terrible pour un mourant. << Même Nzimbi aussi m’a trahit >> oui le fils de sa sœur le général Nzimbi Ngbalé, le commandant de la DSP, la garde prétorienne de Mobutu, il fut le premier à franchir le fleuve pour aller se réfugier à Brazzaville, Abandonnant Mobutu à son sort. Belle leçon pour tous ceux qui pensent que l’ethnie est une expression de fidélité.

En réalité les peuples à travers la colère populaire réussissent parfois à nous venger des traitres, ceux qui piétinent l’intérêt général au nom de leur petit confort personnel. Dans ce registre, nous Rappelons ici la colère populaire des milanais déchainés contre Le corps de Benito Mussolini et de sa maîtresse Clara Petacci. Ils furent fusillés le matin du 28 avril 1945 avant d’être pendu par les pieds sur la Piazza Loreto à Milan.

Le 8 février 1986, dans Port-au-Prince en liesse on assiste à l’attaque en règle du mausolée de papa Duvalier et à la profanation de ce qui restait de lui avant de régler le sort des fameux tontons macoutes. Quant à Mohammed Najibullah, celui que les soviétiques avait placé à la tête de l’Afghanistan, il fut pendu à la chute de Kabul à un lampadaire public le 17 avril 1992. Il y a des moments extraordinaires dans la vie ou l’histoire humaine reprend brusquement ses droits et règle ses propres comptes, ne l’oublions jamais.

Ces images sont encore dans nos mémoires pour nous indiquer ce qu’il ne faut plus faire pour éviter la colère des peuples et surtout celle des vengeurs, c’est-à-dire de tous ceux qui veulent extirper la dictature du corps social des peuples en souffrance dans l’immense tiers monde dont nous sommes les fils. Du Shah d’ Iran à la fuite de Ben Ali en Tunisie, les traitres ne finissent toujours pas payer au prix fort la forfaiture qui guide leur vie.

Notre frère Thomas Sankara, qui fut victime de la traitrise résume le mieux notre propos de ce jour << L’ennemi n’est pas celui qui te fait face l’épée à la main. Mais c’est celui qui est derrière toi, le poignard dans le dos. >>
Tel est le message qui vient en partage vers vous en ces heures obscures et incertaines ou nous n’arrivons plus à distinguer le chien de loup.
Merci de votre aimable attention.

Une contribution de Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en communication
Tel. 0041792465353
Lugano (Suisse)
Mail : nicolasnzi@bluewin.ch

 

Partager

Laisser une réponse