L’intrusion en fanfare de la maladie à virus EBOLA dans nos pays, en janvier dernier, nous a pris de court, médecins, biologistes, pharmaciens, chimistes, autorités politiques, religieuses et civiles. Cette virose hémorragique possède une létalité rarement atteinte, et la riposte doit être globale, ferme et médicalement correcte. Et seule la mise en commun des compétences médicales et biologiques (ainsi que la mise en commun des ressources financières) de plusieurs pays, peut rendre nos pays parés et prêts pour la lutte contre les maladies virales, bactériennes et parasitaires…
Nous l’avons dit et répété, la Santé est le parent pauvre de nos pays, depuis l’Indépendance, il y a presque 60 ans ! Paradoxalement, les dirigeants africains, toutes tendances confondues, pouvoir et opposition confondus, ne nous ont rien proposé de cohérent et de performant dans le domaine biomédical depuis notre accession à la souveraineté nationale.
A l’opposé de CUBA, dont les dirigeants ont compris très tôt l’importance capitale de la Santé, les dirigeants africains nous ont « blagués » avec leurs mesures sanitaires, pour des structures sanitaires désuètes, archaïques, non entretenues et des budgets de la Santé squelettiques ou représentant la portion congrue des budgets nationaux. Des pays riches comme le Nigeria ou la RDC sont la preuve vivante de cette myopie sanitaire, qui a fait que le continent est ravagé par des épidémies et des pandémies, avec des dizaines de milliers de morts, avant que nos dirigeants ne se réveillent…s’ils se réveillent !
Des esprits critiques ont félicité Fidel CASTRO, pour sa prise de conscience précoce des graves problèmes médicaux de son pays, mais ont aussi ajouté immédiatement, que si Fidel Castro pouvait aussi aller se faire soigner à l’étranger comme nos chefs d’Etat africains, peut-être n’aurait- il pas pris à bras- le- corps, le problème de la santé publique de son pays, comme il l’a fait ! Mais, moi je crois qu’il était sincère, vu les structures sanitaires construites sur l’ensemble de son pays. Sinon, il aurait construit une seule structure sanitaire de pointe, pour lui-même, sa famille et ses fidèles !
Côté opposition, c’est à pleurer ! Au cours de cette épidémie à virus EBOLA, aucune opposition d’aucun pays africain, ne sait ranger derrière son dirigeant, pour juguler la crise sanitaire, avant de se lancer dans les diatribes habituelles et la « satanisation » du Président en exercice !
Au Togo, on n’a pas vu des démarches consistantes et des projets de prévention de la maladie, avec des propositions pouvant aider le pouvoir. On ne pense qu’à la composition de la Cour Constitutionnelle, de la Commission Electorale Nationale Indépendante(CENI), et à l’élection présidentielle de 2015 ! Au Burkina Faso, « pas touche à l’Article 37 de notre Constitution », semble être la seule chanson intéressante que les opposants connaissent !
En RDC, c’est le même refrain ! Aucun opposant n’a eu le temps d’aider KABILA à juguler l’épidémie de la fièvre hémorragique EBOLA dans son pays. Au Libéria, des membres du gouvernement se sont planqués à l’étranger, malgré l’injection de leur Présidente de regagner le pays pour lutter ensemble contre le virus EBOLA ! En GUINEE Conakry, c’est l’opposant Cellou Dalein Diallo qui fait publier une tribune qui peut se résumer ainsi :
« Si Cellou Dalein Diallo était Président, à la place d’Alpha Condé ! ».
La décence élémentaire n’a pas effleuré ce peuhl, pourtant considéré comme un successeur possible d’Alpha Conde ! Plusieurs internautes lui ont conseillé d’attendre qu’il soit Président d’abord, car, EBOLA n’est certainement pas la dernière épidémie qui attend la Guinée, vu l’état rudimentaire des structures sanitaires de la Guinée ! Au Nigéria, BOKO HARAM trucide d’abord ses compatriotes, et un candidat à la prochaine présidentielle s’est même déclaré dans le pays, au moment où on dénombrait huit morts dues à EBOLA dans le pays !
Vu le traumatisme causé par cette épidémie à virus EBOLA au continent noir, et l’état déplorable de nos systèmes sanitaires, j’invite tous les gouvernements africains à revoir à la hausse, le budget consacré à la Santé, et qui doit impérativement être égal au moins à 15 % du budget national… et je propose la création d’un CENTRE de RECHERCHE BIO-MÉDICALE, et ALIMENTAIRE (CRBMA), ou BIO-MEDICAL and FOOD RESEARCH CENTER (BMFRC), réunissant tous les pays de la CEDEAO(ECOWACS), francophones comme anglophones, ou lusophones…
Je propose aux Etats de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ce qui suit :
Ø Création de ce Centre de Recherche Biomédicale de référence, et de pointe, avec recrutement de la crème des crèmes de nos chercheurs, médecins, biologistes, généticiens, immunologues, pharmaciens, chimistes, toxicologues, biochimistes, épidémiologistes, etc. , chargés de découvrir, étudier, analyser, inventorier, prévenir, et faire le suivi des maladies tropicales et cosmopolites. La recherche et la découverte des sérums, vaccins, et traitements contre ces pathologies diverses sera leur priorité des priorités. Ce Centre sera chargé de certifier la crédibilité, l’innocuité et l’efficacité des molécules à introduire dans l’espace CEDEAO, sous formes de médicaments, de vaccins, de sérums ou autres. Par ailleurs, ce Centre analysera et donnera ses OK ou non aux produits alimentaires de toutes natures, consommés dans l’espace de la CEDEAO. Ce Centre ressemblera, en mieux, au FOOD and DRUGS ADMINISTRATION américain ;
Ø La mutualisation des ressources humaines et financières de la CEDEAO : Il faut recruter des spécialistes suscités dans les domaines concernés, non seulement dans les pays de la CEDEAO, mais aussi des américains, français, anglais, chinois , japonais, allemands, etc., sur appel d’offre international, mais avec le poste de Directeur général revenant de droit à un africain, membre de la CEDEAO ;
Ø Sur le plan financier, nous proposons une contribution initiale de cinq (05) milliards de FCFA pour chaque membre des 16 pays de la CEDEAO, ce qui nous fait : 80 (quatre vingt) milliards de FCFA ! Une fois le centre construit, il faudrait une contribution annuelle de 2 (deux) milliards par état membre (soit 32 milliards Cfa) pour faire fonctionner cette méga structure ! Les Etats devront faire une discrète coupe dans leur budget de la Culture, de la Défense, et de la Fonction Publique…
Ainsi, le Bénin, le Burkina Faso, le Cap Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée Bissau, le Libéria, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria, le Sénégal, la Sierra Leone, et le Togo, seront parés, pour faire face à toute catastrophe sanitaire à venir … Je suggérerais que le siège de cette structure, soit basé soit au Togo, soit au Ghana, en voyant la cartographie de la CEDEAO, et sans chauvinisme …
Dr David IHOU, Dermatologue, Allergologue