On connaît des slogans plaintifs du genre : « L’Afrique va mal », « les leaders politiques africains sont inefficaces », « l’élite africaine est corrompue », « l’Afrique est mal gouvernée », « l’État déçoit le peuple », etc. En réalité, le fil conducteur de tous ces énoncés est que les gouvernants ne jouent pas leur rôle pour satisfaire aux besoins des populations dont ils sont censés améliorer le quotidien.
Il se dégage ainsi une forme de manichéisme où le relèvement intégral du pays est mis entre les seules mains des gouvernants (malheureusement véreux) et où les gouvernés (malheureusement laxistes) quant à eux ne se sentent ni concernés, ni associés. Sur le plan psychologique, cela entraine un désengagement du citoyen qui l’amène, consciemment ou inconsciemment, à estimer que l’État, ce sont les autres qui l’incarnent et le développent.
La posture mentale d’un tel citoyen lambda peut se justifier dans la mesure où les dirigeants brillent eux-mêmes par l’instinct d’accaparement ou de népotisme institutionnel. Ce qui a, jusqu’ici, donné l’impression au peuple que le patrimoine national appartient aux autres et qu’il n’a aucun droit souverain lui permettant de requérir des comptes à ses gouvernants. Ce qui est un tort certainement !
Non seulement les autorités à la tête des États africains auront à rendre compte devant le grand « Tribunal de l’Histoire », mais aussi le peuple pleurnichard, fainéant, jouissif et adepte du « on va faire comment ? » ne sera pas épargné. En effet, un peuple qui se résigne dans l’autocensure à cause de la violence institutionnelle néobourgeoise, qui n’évalue pas ses dirigeants, qui ne participe pas (par le biais de la raison critique constante) au développement moral, intellectuel et socioprofessionnel de son pays est, au même titre que ses gouvernants sans vision politique, coupable devant l’Histoire.
Dès lors, le sort actuel d’une l’Afrique qui dort et/ou de celle qui attend (passivement) la venue de Jésus n’est pas une affaire des seuls gouvernants. Il importe à tous et à chacun de s’interroger sur la contribution personnelle à apporter au redressement intégral du continent africain afin que, du président de la république au cultivateur du village le plus reculé, nul ne s’en dise exclu.
Man Bene