L’Ouganda interdit les homosexuels et demande aux occidentaux de «garder leurs aides»

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Les relations homosexuelles sont déjà passibles de la prison à vie en Ouganda mais cette législation, adoptée à une écrasante majorité le 20 décembre par le Parlement, interdit notamment toute «promotion» de l’homosexualité et rend obligatoire la dénonciation de quiconque s’affichant homosexuel(le). Elle a suscité des critiques virulentes de la part des défenseurs des droits de l’homme et des principaux partenaires occidentaux de l’Ouganda, même si ses dispositions les plus controversées, prévoyant la peine de mort en cas de récidive ou de rapport avec un mineur ou en se sachant porteur du virus du sida, ont été abandonnées.

Washington, allié-clé de Kampala, a notamment averti – sans autre précision – que cette loi «compliquerait (ses) relations» avec l’Ouganda et Londres s’est interrogé sur «la conformité de la loi avec la Constitution de l’Ouganda et ses obligations internationales», estimant qu’elle allait «endommager la réputation internationale» du pays. La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a rappelé ces derniers jours à l’Ouganda «ses obligations contraignantes en matières de droits de l’Homme».

Des ONG internationales ont appelé les partenaires de l’Ouganda à reconsidérer leur aide et, lundi, le Danemark a annoncé qu’environ 6,3 millions d’euros d’aide à des agences gouvernementales ougandaises seraient redirigés vers des initiatives du secteur privé et des ONG et qu’il en serait ainsi à l’avenir.

Le président ougandais, qui se trouvait lundi dans sa résidence privée d’Entebbe à 35 km de Kampala, a estimé que les bailleurs qui ne veulent plus aider son pays pouvaient «garder leur aide». «Les étrangers ne peuvent pas nous donner des ordres. C’est notre pays», a-t-il déclaré après avoir paraphé la loi, «je conseille aux amis occidentaux de ne pas faire (du sujet) un problème» car «ils ont beaucoup à perdre».

«Imposer des valeurs sociales d’un groupe à notre société, c’est de l’impérialisme social. Maintenant vous nous dites que nous devrions vivre comme vous. Pas du tout !», a poursuivi le président Museveni, accusant «des groupes occidentaux de recruter des (futurs) homosexuels dans les écoles».

«LA BOUCHE PAS FAITE POUR LE SEXE»

Le président ougandais, au pouvoir depuis 1986 et chrétien évangélique à la piété affichée, avait initialement qualifié les homosexuels de «malades» et renoncé à promulguer cette loi car il est «mal de punir une personne parce qu’elle est anormale» avant d’annoncer avoir changé d’avis, un groupe de «scientifiques» consulté lui ayant assuré que l’homosexualité était «comportementale, pas génétique».

Il a accusé une partie des homosexuels de l’être «pour des raisons financières», les autres l’étant devenus par un «mélange d’inné – des éléments génétiques – et d’acquis». «Aucune étude ne montre que vous pouvez être homosexuel par nature», a-t-il poursuivi. «Oui génétiquement, il y a (chez les homosexuels) quelques petites choses qui ne sont pas dans l’ordre, mais si ils ne sont pas élevés en ce sens ou encouragés (à être homosexuels) alors ils seront normaux», a-t-il expliqué : «L’éducation étant la principale source de l’homosexualité, alors la société peut faire quelque chose pour décourager les tendances. C’est pourquoi, j’ai accepté de promulguer la loi.»

Lundi, il a également fustigé le sexe oral, pratique selon lui encouragée par le monde occidental. «La bouche sert à manger, pas pour le sexe. La bouche est conçue pour embrasser», a-t-il expliqué aux journalistes, «on connaît l’adresse du sexe, cette adresse (la bouche) n’est pas pour le sexe. Vous posez la bouche là, vous récupérez des vers et ils entrent dans votre estomac parce que c’est la mauvaise adresse», a-t-il poursuivi.

Museveni a multiplié les opinions tranchées sur la sexualité et les mauvaises pratiques importées selon lui d’Occident. «Il y a quelque chose qui ne va vraiment pas chez vous», a-t-il lancé à l’adresse des homosexuels, après avoir signé la loi. «Je n’arrive toujours pas à comprendre, qu’on ne puisse pas être attiré par toutes ces superbes femmes et qu’on soit attiré par un homme», a-t-il expliqué devant la presse. Pour le président ougandais, on n’est pas «homosexuel par nature (…) mais par choix». Un choix souvent dicté selon lui par l’argent, de nombreux homosexuels étant «en réalité des mercenaires. Ce sont des hétérosexuels qui se disent homosexuels pour l’argent».

Les homosexuels sont l’objet de persécutions et de violences en Ouganda, pays où l’homophobie est largement propagée par les très influentes Eglises évangéliques. Museveni avait déjà début février promulgué une loi antipornographie, interdisant notamment les accoutrements «provocateurs», interdisant d’antenne les artistes légèrement vêtus et surveillant de près les sites consultés par les internautes.

Lundi, le député David Bahati, auteur de la loi antihomosexualité, a estimé que sa promulgation «était le moment que le monde attendait», remerciant Museveni pour «sa décision courageuse malgré les pressions de certaines organisations occidentales». En 2011, David Kato, figure de la cause homosexuelle en Ouganda, avait été battu à mort chez lui, après la parution dans un magazine de son nom et ceux d’autres homosexuels sous le titre «Pendez-les».

L’Ouganda fait désormais partie des 80 pays à condamner l’homosexualité.

AFP

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