Nombre d’entre elles se sont questionnées sur la sincérité du gouvernement français, qui via son ministre délégué au Développement, Pascal Canfin, a appuyé les demandes nigériennes, qualifiées de « légitimes ».
Areva, propriété à 80% de l’Etat français, et le gouvernement nigérien négocient depuis des mois le renouvellement des contrats de deux mines d’uranium, la Somaïr et la Cominak, qui sont arrivés à leur terme fin décembre 2013.
Les discussions achoppent sur la volonté du géant du nucléaire français d’accepter une loi minière votée en 2006, qui ferait croître la taxation sur le minerai extrait de 5,5 à 12% et mettrait un terme à certaines exonérations fiscales, selon Niamey.
« Dire que c’est ‘légitime’, c’est un discours et il (le gouvernement français) ne peut pas politiquement dire autre chose », a commenté Moussa Tchangari, le président de l’ONG Alternative espace citoyen.
« Même Areva peut dire ‘Oui c’est légitime’ et en même temps dire ‘Mais on ne peut pas vous donner ce que vous demandez' », a-t-il ajouté.
Adamou Yacouba, un reggae-man nigérien populaire, a qualifié le discours de M. Canfin de « scénario monté de toutes pièces par la France » pour « jouer avec la conscience des Nigériens ».
« Il faut être dans la science-fiction pour croire que la France va lâcher sa propre société, a-t-il remarqué. Le général De Gaulle n’a-t-il pas dit que ‘la France n’a pas d’amis mais des intérêts’ ? ».
Boubacar Maïna Kartey, le président de l’Association des juristes du Niger, a de son côté vu « un véritable signe d’espoir », un « encouragement » dans le fait que ce débat se soit invité au Parlement français.
« Areva dégage ! »
« Le ministre du Développement a reconnu que le Niger est dans une mauvaise posture et qu’Areva doit faire un peu plus d’efforts », a-t-il poursuivi.
Le Niger, quatrième producteur d’uranium mondial, pointe année après année en dernière position en termes d’indice de développement humain, selon l’ONU. Ce pays, l’un des plus pauvres du monde, manque cruellement de ressources pour financer son développement.
« C’est au gouvernement du Niger de saisir au bond ce que vient de dire le ministre français » pour « écouter les cris et le sursaut du peuple nigérien », a estimé Amadou Ali, un député de l’opposition, qui ne doute pas de la sincérité de Pascal Canfin.
Comme la plupart des protestataires présents au meeting, qui devait suivre une manifestation finalement interdite, M. Ali portait un foulard jaune autour du cou. D’autres avaient attaché des morceaux de tissu jaune à leur tête.
« Jaune, c’est la couleur du ‘yellow cake' », la poudre d’uranium extraite dans les mines d’Areva dans le nord du Niger puis enrichie en France, a expliqué un des manifestants.
Des slogans hostiles à Areva ou à la France ont été scandés : « A bas Areva! », « Areva dégage! », « Non à la France ! »….
Sur des pancartes et banderoles on pouvait également lire: « La jeunesse réveille-toi », « La souveraineté du Niger ne se négocie pas » ou encore « Code minier 2006 ou rien ! ».
Le 25 janvier, une marche contre Areva avait déjà été interdite par les autorités de Niamey. Les organisateurs avaient choisi d’annuler le rassemblement qui devait ensuite se tenir.
Atlas