Qui dit que le jeune président du Togo, Faure (47 ans), bientôt 48 le 06/06/ 2014 prochain, n’est pas bien entouré? De la matière grise, il y en a à compter jusqu’à perdre le souffle autour de lui. Les lieutenants du président ont ainsi entre la quarantaine et la quatre vingtaine et se bousculent chaque jour que Dieu fait au portillon de la présidence togolaise pour vendre et revendre leurs savoir-faire ou être consultés par le plus prestigieux des Togolais. Dans la perspective de la présidentielle de 2015, l’état-major qui est déjà constitué affûte ses armes en continuant à se poser des peaux de bananes, à se faire des coups bas, à se tacler et se faire des « taper dos » chers au groupe musical ivoirien Magic System. Passons vite pour faire un petit tour dans l’entourage du numéro un togolais.
Avant tout, il y a le premier cercle, le pilier du pouvoir. Dans ce noyau central se trouve en bonne position le peulh Barry Moussa Barqué, fidèle d’entre les fidèles et l’une des boîtes noires du système. Avec ses soixante dix ans sonnants, il est encore très écouté au palais de la Rotonde à Lomé. Barqué comme l’appellent ses proches est un cerveau qu’on le veuille ou non. Il a servi sous Gnassingbé père et continue ses « bons et loyaux services » avec le fils Faure. Les postes ministériels et de direction des entreprises publiques, Barqué les a égrenés un à un comme le ferait de son chapelet un musulman en pleine prière. Barry Moussa Barqué est des rares personnalités autour de Faure à savoir bien faire tourner leur langue et à placer ses pions avec dextérité. L’avis des individus comme lui vaut de l’or. D’ailleurs, Barqué n’ouvre pas sa bouche en désordre comme savent le faire certains jeunes loups inexpérimentés très appâtés par le gain immédiat et qui n’ont pas leur langue en poche. Des jeunes qui excellent dans des intrigues et de sales coups. Dans le sérail, un homme comme Barry Moussa Barqué est sûr et compte beaucoup. D’où sa longévité au sein du système. Entre l’éminence Barqué et le « meilleur constitutionnaliste » que la France ait connu, Charles Debbasch, le point commun reste la matière grise. Le peulh Barry pète autant la forme intellectuelle que son alter ego juif Charles Debbasch.
Contrairement à Barqué qui est plus porté sur les chiffres car étant un scientifique, Debbasch pour ceux qui ne le savent pas, est spécialiste en droit constitutionnel. Que d’aucuns ne se posent donc plus de questions lorsqu’à chaque occasion de toiletter la constitution togolaise, l’on se réfère sans hésiter au doyen Debbasch. Du côté de l’Hexagone, l’on apprend que les 2/3 des juristes de ce pays sont ses créations. Même s’il est reconnu comme un « tordeur » hors pair de la loi fondamentale au Togo, il fait partie de ceux dont les méninges tournent à plein régime aux côtés de Faure. Il a connu le père et a toujours ses entrées au palais comme du vivant du vieux. En bon Juif prêt à tout pour sauvegarder ses intérêts, Charles Debbasch n’a aucun état d’âme lorsqu’il monnaye ses services. Les conséquences de ses actes, il n’a que faire ; seuls les résultats comptent à ses yeux. Le journal progouvernemental Union pour la patrie et le site Republicoftogo.com, sont ses marques déposées. A environ quatre vingt ans, Charles Debbasch alias Koffi Souza sur le site Republicoftogo.com et dans le bihebdomadaire Union, est de ceux qui comptent dans l’entourage présidentiel et dont les avis pèsent lourds, très lourds. Pour l’échéance de 2015, le doyen Charles Debbasch est déjà partant. Faure peut compter sur ses services et ceux de l’indéboulonnable de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), Koffi Kadanga Walla. Un nom que nous avions connu au cours primaire comme ministre du Développement rural. C’était dans les années 1985-1986. Quoiqu’on dise de Walla, il a l’oreille du jeune président. L’homme est de la vieille garde au même titre que les sieurs Barqué, Debbasch, Natchaba et Assouma. Il sait aussi conseiller le président sur les questions d’intérêt national. Malgré les critiques et les jérémiades de la jeunesse, c’est au bout de cette ancienne corde de papa dont une partie est au bord de la rupture que Faure tisse la sienne. Après Barqué, Debbasch et Walla, retrouvons celui que d’aucuns appellent le Parisien par raillerie, Ouattara Fambaré Natchaba. L’homme nous rappelle cet article du confrère Combat du Peuple dont le titre suit : « L’imbécilité se trouve dans la barbe de Natchaba».
Aujourd’hui souffrant, Natchaba fut tour à tour directeur de cabinet de feu Eyadema, plusieurs fois ministre et président de l’assemblée nationale. Le 06 février 2005, l’intérim de la présidence togolaise lui a échappé au profit de son premier vice-président Abass Bonfoh. Natch comme ses proches l’appellent est des pointures que Faure n’a pas mises à la poubelle. Certes, il n’est plus très actif comme à l’époque sous le règne de feu Eyadema mais il reste consulté à quelques occasions. Le natif de Gando, une localité située dans la préfecture de l’Oti a vieilli, connaît des ennuis de santé mais n’a pas perdu sa lucidité et ses méninges. L’on ne peut pas clore cette short liste d’anciens dans l’entourage de Faure sans y inclure le magistrat Aboudou Assouma, actuel président de la Cour constitutionnelle.
Lui est de ceux dont les avis sont importants pour Faure. Aboudou Assouma a connu aussi les postes ministériels. Aujourd’hui, il dirige tranquillement la Cour constitutionnelle, l’équivalent du conseil constitutionnel en France et dans certains pays de l’espace francophone. Il est dans le cercle restreint de ceux que le président fait appeler pour avis. Un privilège dans un Togo où se faire appeler par le patron n’est pas rien. La short liste de la vieille garde se ferme ainsi avec cet homme. A présent, qu’en est-il de la jeune pousse autour de Faure ?
Elle commence avec l’homme que l’opposition n’oubliera pas de sitôt, celui qui sait aller au charbon et donner des coups en plein visage, « tamara » Gilbert Bawara. Le collège Chaminade à Kara garde de très bons souvenirs de cet élève toujours premier de la classe qu’est Bawara. De la matière grise, il en a à revendre. Actuel ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales, Bawara n’a pas sa langue en poche. Même s’il fait profil bas depuis un temps, Gilbert Bawara a toujours dit haut ce que les autres pensent bas et l’a assumé. Un homme comme lui, tout pouvoir en a besoin pour la riposte en cas d’agression frontale venant du camp adverse. La présidentielle arrive à grands pas et l’homme sait que beaucoup de choses vont peser sur ses épaules. C’est à lui qu’il revient de bien huiler l’intérieur de la machine avant l’assaut final. Non loin de lui se trouve son collègue des Affaires Etrangères Robert Dussey. Il est avec Christian Trimua, les plus jeunes de l’équipe Ahoomey-Zunu. Robi pour les intimes est une sorte de démineur pour son mentor Faure. Dans le cercle présidentiel, l’on apprend que le rapprochement entre Gilchrist Olympio et Faure porte sa griffe. Dussey se présente en Mohamed Sanoun ou Lakdar Brahimi du Togo. Il a de l’avenir sauf qu’il devrait aller à l’école de la vie pour en apprendre davantage. Bawara et Dussey officient à la capitale Lomé à environ 425 km au sud de Kara, la deuxième plus grande ville du pays où règne le préfet colonel Badibawou Bakali. Un jeune discret qui a aussi de la matière à faire valoir. Ancien DG de la douane et aide de camp du président, Bakali est bien dans le dispositif. Ceux qui avaient vite fait de l’enterrer devraient revoir leur position. Le fief de Kara est sous son contrôle. Mais tous ces hommes ont une maman qui leur a parlé aussi à un moment donné de leur vie. C’est ainsi pour la mère du président Sabine Mensah. Elle ne joue aucun rôle officiel mais elle reste très influente au sein du dispositif autour de son fils. Avec Faure, la maman est à la fois si loin et si proche. Elle veille grain. Ce qui ne manque pas sous les tropiques où tous ceux qui approchent le président ne lui veulent pas forcément du bien. Surtout que beaucoup n’ont pas de profondes convictions pour le pays mais sont attirés par les billets craquants connus ici sous le nom de « BCEAO direct ». Ceux-là peuvent croiser le chemin de Maman président même si la présidentielle approche à grands pas. Après l’état-major du candidat Faure, qu’en est-il de celui de son challenger Jean-Pierre ?
Taffa Biassi Lynx.info