Evénements marquants de 2013 : La mort de Mandela et la montée du racisme anti-noir en Europe

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Evénements marquants de 2013 : La mort de Mandela et la montée du raciste anti-noir en Europe

2013 est l’année où le Mali a retrouvé un peu de sérénité, après l’élection présidentielle tenue sans incident, contrairement à la Centrafrique actuellement en crise. Le vote de la loi française en soutien aux mariages homosexuels, la démission du pape Benoit XVI et les vaines menaces contre la Syrie ont aussi fait la une. Mais la mort de Nelson Mandela s’impose comme l’événement qui aura marqué 2013. On peut justement se demander si Madiba, comme on appelle affectueusement Nelson Mandela, n’est pas mort de dépit, tant le racisme anti-noir a connu un regain en Europe.

Evénements marquants de 2013 : La mort de Mandela et la montée du raciste anti-noir en Europe

L’année 2013 a été perlée d’événements de plusieurs ordres. La bonne nouvelle est venue du Mali voisin. Après quelques hésitations, l’élection présidentielle a pu se tenir, y compris dans les zones rebelles de Kidal et de Gao. A l’issue du second tour le 11 août, Ibrahim Boubacar Keïta, 69 ans, a été élu président du Mali avec 77,61% des voix. Son arrivée met ainsi fin à la transition qui aura duré 18 mois et donne de nouvelles raisons d’espérer pour un Mali réunifié et réconcilié. L’Afrique de l’Ouest peut aussi souffler à l’idée qu’à travers ce scrutin, elle marque un pas dans sa lutte pour instaurer l’état de droit et contenir les velléités des extrémistes religieux.

Autres signes que les lignes ont bougé au Mali, Haya Sanogo, l’ex-homme fort de Bamako passé du grade de capitaine à celui de général quatre étoiles, a été arrêté et inculpé le 27 novembre 2013 dernier. Auparavant, six juges et auxiliaires de justice de la Cour suprême malienne avaient été accusés de faux, usage de faux, abus de pouvoir ou encore d’extorsions de fonds sur des citoyens. Dans son vœu de nouvel an 2013, le président Blaise Compaoré, médiateur de l’Afrique de l’Ouest dans la crise malienne avait souhaité que ce pays frontalier retrouve un peu de sérénité. « Nous fondons l’espoir que le peuple frère du Mali recouvre l’intégrité de son territoire national » avait-il dit. C’est chose faite, ou presque.

Toutefois, cette belle embellie est maculée du sang des deux journalistes français, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, enlevés puis exécutés le 2 septembre 2013.

2013 est aussi un coup dur pour la Centrafrique qui renoue avec la guerre. Le renversement en mars du président François Bozizé par Michel Djotodia et ses rebelles de la Séléka, a précipité le pays dans le chaos. La réaction des milices d’autodéfense, les Anti-balakas, décidés à faire face aux exactions de la Séléka, en rajoute à la situation précaire qui prévaut à Bangui. L’opération « Sangaris », nom de l’intervention de l’armée française, ne permettra pas à ce pays de connaître la paix avant 2014, d’autant plus que la crise a viré à des affrontements intercommunautaires et interreligieux.

La paix a manqué également au Maghreb. L’Egypte notamment aura passé la moitié de l’année à se combattre, depuis que le président démocratiquement élu, Mohamed Morsi, a été renversé par l’armée le 3 juillet 2013, à la suite d’une insurrection populaire. Jusque-là, c’est la logique de la confrontation qui règne, avec le camp favorable au gouvernement transitoire d’un côté et le camp du président déchu de l’autre. Dans cette partie de l’Afrique, il faut se réjouir néanmoins de ce que les mesures prises par le Maroc pour se préserver des « révolutions arabes » lui ont permis de traverser l’année plus ou moins tranquillement.

Toutefois, l’événement 2013 en Afrique et dans le monde reste sans conteste le décès à 95 ans de Nelson Mandela, le 5 décembre dernier. Le prisonnier le plus célèbre, le premier président noir d’Afrique du Sud, la figure emblématique de la lutte contre l’apartheid, le Prix Nobel de la paix, s’est éteint. Il ne se remettra pas de l’infection pulmonaire, séquelle de son emprisonnement prolongé. Un « baobab » est tombé et le monde entier lui a rendu un vibrant hommage.

Le président du Faso a dit de lui qu’« il aura été l’un des rares humains à avoir rassemblé tant d’hommes opposés les uns aux autres, à avoir réconcilié tant de réalités contradictoires, à avoir assumé tant de devoirs divergents, mais aussi à avoir remporté tant de victoires impossibles. Ainsi, il nous enseigne, de la plus belle des manières, qu’il n’y a pas de monstres invincibles sur le chemin de celui qui a une vision positive de l’avenir ».

Avec une centaine de présidents à la cérémonie d’hommage au stade Soccer City de Soweto, en présence de 60 mille personnes, aucun autre événement n’a drainé autant de monde et de personnalités cette année.

Si le décès de Mandela s’assimile à un départ programmé, tel ne fut pas le cas de ces milliers d’Africains morts dans le drame de Lampedusa. Le jeudi noir du 3 octobre 2013 a vu un bateau transportant 500 passagers, majoritairement des Somaliens et des Erythréens, sombrer dans la mer, non loin de Lampedusa, petite l’île italienne. 366 personnes y ont trouvé la mort, provocant une immense consternation en Afrique. L’Europe découvre alors l’’échec de sa politique d’immigration. D’autres africains avaient perdu la vie quelques semaines auparavant en tentant de rejoindre l’Italie. Une « honte », selon le pape François.

Cette année a vu une montée du racisme en Europe, dirigée contre des noirs. La ministre italienne d’origine congolaise, Cécile Kyenge, a été comparée à un orang-outang, notamment par le vice-président du sénat italien. Injures et incitation à la haine contre les immigrés ont accueilli cette femme, premier Noir membre d’un gouvernement en Italie.

Non loin de là en France, des propos racistes ont été proférés contre Christiane Taubira, celle-là même qui est chargée avec son ministère, de veiller à l’application des lois d’une République dont la devise est Egalité-Fraternité-Justice.

Des supporters de plus en plus nombreux se moquent des footballeurs noirs dans les stades européens. Mario Balloteli, l’international italien d’origine ghanéenne, n’en fini pas avec les injures et allusions racistes. Dès janvier 2013, Kevin Prince Boateng d’alors au Milan AC avait dû quitter un match avant terme, suite à des chants racistes. Les Samuel Eto’o, Paul Pogba, Patrice Evra, Yaya Touré…, en avaient fait les frais, même si la presse parle plus des mesures prises contre le phénomène que des cas dénoncés.

En France, l’événement-phare en 2013 est sans doute le vote le 23 avril, de la loi pour le « mariage pour tous ». Il s’agit de la première loi française qui soutient le mariage entre pédérastes. Des mécontents sont sortis dans la rue et des maires ont refusé de célébrer ce type de mariage. Cette loi a néanmoins été promulguée, faisant de la France, le 9e pays européen pro-gays.

Alors que le monde observait les tractations autour de cette loi controversée, le pape Benoît XVI, élu en 2005, renonce à ses charges de pontife, le 28 février 2013. Un événement-surprise que le monde n’avait plus vécu depuis 721 ans et qu’aucun catholique subsaharien n’avait jamais vu.

Le monde ne va pas considérer la polémique autour de cette démission, mais plutôt l’ascension du cardinal Jorge Mario Bergiglio, un certain 13 mars 2013. Agé de 77 ans, celui-ci devient alors le 226e pape. Premier pape d’origine américaine, il prend le nom de François, en mémoire de l’engagement de Saint François d’Assises, ayant lutté pour les pauvres et pour la paix. D’aucuns n’hésitent pas à dire qu’il est l’homme de l’année 2013, tant il a redonné de l’espoir à des millions de personnes éprouvées par les scandales dans l’Eglise et dans la vie.

La Syrie et Vladimir Poutine ont aussi marqué cette année. Après le massacre présumé aux gaz neurotoxiques non loin de Damas, le monde a craint le pire. Français, Américains et Anglais ont déployé des bâtiments de guerre dans la Méditerranée, pour une guerre à l’iraquienne sans mandat onusien, contre Bachar Al Assad. Le 14 septembre à Genève, le président russe a réussi à faire accepter avec les Américains, un plan qui suspend l’intervention militaire des Occidentaux, tout en contraignant le régime de Damas à détruire tout son arsenal chimique. Le monde est passé ainsi tout prêt d’un conflit international. Les Syriens, remis de la frayeur, continuent de périr, avec un bilan de plus de 120 000 morts en moins de trois ans. On retiendra aussi que l’accord intérimaire sur le nucléaire iranien signé dans la nuit du 23 septembre à Génève, a détendu l’atmosphère surchauffée aux Proche et Moyen-Orient. Qualifié d’« étape majeure », il permet de renouer progressivement la confiance entre l’Iran et les grandes puissances.

Enfin, évoquons ce duel historique pour la conquête du pouvoir d’Etat en Chili, entre deux femmes qui se connaissent depuis leur enfance. Finalement, c’est Michel Bachelet, 62 ans et fille d’un général, qui s’est imposée à 62,1% des voix au second tour de l’élection tenue le 15 décembre, devant Evelyn Matthei, elle aussi fille d’un général. Tout n’a pas été sombre, tout n’a pas été rose non plus en 2013. L’important est d’en tirer les leçons qui servent la cause d’un avenir plus enchanteur dans un monde en plein doute.

Aimé Mouor KAMBIRE

Sidwaya

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