Affaire Pascal Bodjona : Moi je n’ai pas oublié le HACAME

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Certains Togolais se comportent aujourd’hui comme si Pascal Bodjona était un héros ou encore un martyr de la démocratie.

Ont-ils la mémoire courte?

C’est au moment où tous les Togolais luttaient de Lomé à Cinkassé pour la fin du régime de terreur  d´Eyadéma qu´une minorité de nos compatriotes eurent la « judicieuse » idée de créer une association estudiantine dénommée HACAME (Haut Conseil des Associations et Amicales Estudiantines). Cette fameuse association était à 90% animée par des jeunes Kabyès avec à leur tête un certain Pascal Bodjona.

Le but de ce sinistre regroupement était la défense du dictateur Eyadéma par tous les moyens, comme si la démocratie était une question d´appartenance éthnique ou de personne.

Fort du soutien d´Eyadéma, de ses millions et de certains éléments de l´armée, le HACAME pouvait tout se permettre. Amicale estudiantine, le HACAME ne l´était que de nom.

Le quartier Adewui à Lomé était le quartier général de cette bande de voyous dont l´impunité était assurée depuis le haut-lieu. La dénonciation et la traque d´étudiants supposés démocrates étaient certains des objectifs assignés à  cette milice de triste mémoire. Et tout ceci faisait partie de la stratégie de la terreur initiée par Gnassingbé senior et ses complices pour faire avorter l´avènement d´une vraie démocratie.

Le quartier Adewui était presqu´interdit à tous les démocrates. Gare à vous si vous ressemblez à un partisan de l´opposition ou si vous tenez des propos de démocrate une fois dans ce quartier tenu de jour et de nuit par la bande à Bodjona.

Très nombreux sont les Togolais et les Togolaises qui ont péri ou disparu par la volonté du HACAME, et leur faute était d´avoir osé demander un peu plus de liberté et de justice pour leur pays.

Je revois encore Pascal Bodjona conduisant une délégation du HACAME venue pour une audience auprès du premier ministre Koffigoh. C´était en 1992, rue de l´OCAM à Lomé, lieu où la primature a dû prendre ses quartiers parce que la première ayant été détruite par les obus d´Eyadéma en Décembre 1991.

A la sortie de l’audience, je devais , en ma qualité de journaliste de la Télévision Togolaise de permanence   interviewer M. Bodjona. Ce fut une fois de plus l´occasion pour lui d´étaler son arrogance en  rejetant les décisions du gouvernement allant dans le sens d´une vraie alternance politique et de défendre bec et ongle son protecteur Gnassingbé Eyadéma.

Quand le HCR (Haut Conseil de la République), parlement de transition, vote une loi pour dissoudre le RPT, les miliciens du HACAME font encore  parler d´eux:  avec l´aide d´autres activistes du RPT et de militaires déguisés en civil, ils organisent de violentes émeutes à Adewui et à Tokoin-Trésor faisant croire que le peuple était contre la dissolution de ce parti de malheurs.

L´incendie des locaux de la direction des affaires académiques de l´Université du Benin était également l´oeuvre de ce regroupement dangereux.

Comme beaucoup de ces zélés avec à leur tête Bodjona était en possession de faux diplômes sans souches, il fallait donc faire disparaître ce cerveau de l´université où étaient conservées les archives contenant entre autres des originaux de diplômes. Ils n´avaient aucune crainte en commettant un tel acte criminel de haut niveau parce que l´impunité leur était assurée d´en haut.

Des crimes, qui sous d´autres cieux auraient conduit  leurs auteurs devant les tribunaux et éventuellement en prison, sont plutôt salués et leurs exécuteurs récompensés.

C´est donc pour remercier Pascal Bodjona d´avoir avec sa bande contribué à faire reculer la démocratie qu´il a été nommé à la surprise générale par Eyadéma ambassadeur du Togo aux Etats-Unis.

M. Bodjona jouera un très grand rôle auprès de Faure Gnassingbé surtout lors de la mascarade d´élections en 2010 pour assurer à son ami sa “réélection”. Quand le clan décidera de faire tout pour empêcher Kofi Yamgnane de présenter sa candidature aux élections présidentielles de Mars 2010, c´est encore Bodjona, ministre de l´administration territoriale, qui se chargera de trouver la petite bête.

Je ne dénie pas à M. Pascal Bodjona le droit de se faire défendre par des avocats. C´est ce que veut d´ailleurs l´état de droit que nous souhaitons de tous nos voeux pour notre pays. Même un tueur en série ou un violeur  a droit de se faire défendre.

C´est également normal qu’il ait des partisans qui se battent pour lui et ne veulent pas le voir aller en prison.

Ce qui se passe aujourd´hui avec la politisation à outrance de cette affaire, si affaire il ya, ressemble plutôt à un règlement de comptes entre membres d´un clan mafieux.

Celui qui entre dans ce nid à intrigues appelé RPT doit savoir que tout ou tard il passera à la trappe.

En résumé, Pascal Bodjona fut un chef-milicien, et c´est grâce à ses services rendus à la dictature qu´il doit sa fulgurante ascension. Monsieur Bodjona fait partie de la race de Togolais qui ont choisi le camp de l´imposture contre le peuple pour leurs intérêts personnels.

Nous avons le devoir de le dire pour que les plus jeunes d´entre nous sachent la vérité.

Je souhaite personnellement à M. Bodjona une issue heureuse dans cette “affaire”, je prie qu´il reste longtemps en vie pour qu´il puisse un jour répondre des actes qu´il a pu poser dans la vie de notre pays le Togo.

Samari Tchadjobo

33824 Werther  (Allemagne)

 

 

 

 

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