La diplomatie française est l’une des plus vieilles et des plus hypocrites au monde. Elle est à l’œuvre contre Ouattara. Et il est bon que la Révolution Permanente vous en donne des indices pour comprendre la danse des sorciers qui a déjà commencé.
D’abord, la démarche.
Depuis son élection le 6 mai suivie de sa prestation de serment en tant que Président de la République de France le 15 mai 2012, François Hollande n’a eu aucun contact physique ou téléphonique avec Alassane Ouattara qui a pourtant joué le rat de l’Elysée pendant des jours et des jours.
Malgré les nombreux appels téléphoniques partis d’Abidjan, c’est un correspondant occupé que Ouattara a toujours trouvé à l’Elysée. « Monsieur le Président ne peut vous prendre maintenant. Il vous rappellera dès que possible.»
Après cette phase qui mit à très rude preuve les nerfs d’Alassane Ouattara, Hollande a rencontré les Présidents Yayi Boni et Mahmadou Issoufou au sommet du G8. Puis il leur a adressé une invitation en France.
Objet de la visite : la situation en Côte d’Ivoire et au Mali.
Dans l’entre deux rencontres avec les deux Chefs d’Etat du Bénin et du Niger avec leur Homologue français, Hollande va ignorer avec soin, celui qui occupe les ruines du Palais Présidentiel d’Abidjan et qui gère le bourbier de la CEDEAO au Mali.
Ce mardi 29 mai 2012, Hollande boucle son entretien avec le Président Yayi Boni puis les deux Chefs d’Etat s’adressent à la Presse. En substance, Hollande affirme qu’il n’y aura pas (et plus ?) d’ingérence française dans les affaires africaines.
Répétant ce qu’il a retenu de son entretien avec le Chef de l’Etat de l’ancien colonisateur du Dahomey, Yayi Boni déclarent que désormais, l’Afrique doit compter sur elle-même.
Mettons de bout en bout, ces deux déclarations et nous avons la nouvelle ligne diplomatique de Paris en direction de l’Afrique : il n’y aura pas d’ingérence directe de la France dans les affaires africaines parce qu’avec François Hollande, l’Afrique doit compter sur elle-même.
C’est donc après cette mise au point, que François Hollande, qui pense posséder la vérité sur le cas du Mali après avoir écouté une version diplomatique africaine de la crise en Côte d’Ivoire, va passer son premier appel téléphonique à Alassane Ouattara.
Mais l’homme ment de façon surnaturelle. Donc pour éviter qu’il mente au monde entier sur le contenu de l’entretien téléphonique, Hollande prend le soin de pondre un communiqué sur le site de l’Elysée dont voici la teneur :
« Communiqué – Entretien téléphonique entre le président de la République et le président de la République de Côte d’Ivoire
Le président de la République a eu ce matin un entretien téléphonique avec M. Alassane Ouattara, président de la République de Côte d’Ivoire et président en exercice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Le chef de L’Etat a exprimé la préoccupation de la France au sujet de la situation au Sahel et en particulier au Mali. Il a réaffirmé le soutien de la France aux actions de médiation de la CEDEAO et à ses efforts pour permettre le plein retour de la démocratie au Mali, garantir son unité et son intégrité territoriales et lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes.
Le Président de la République a évoqué avec le Président Ouattara les moyens qui pourraient être mis en œuvre pour mobiliser les Etats de la région, directement concernés par la situation, et plus largement la communauté internationale. Celle-ci ne peut être indifférente à la triple crise que traverse le Mali : politique, sécuritaire, et humanitaire.
Il a souligné que la France continuera à agir avec l’Union Africaine, ses partenaires européens et internationaux pour soutenir l’engagement de la CEDEAO au Mali et au Sahel.
Les deux présidents sont convenus de se rencontrer dans les meilleurs délais afin d’examiner comment approfondir le partenariat franco-ivoirien.»
Cela dit, venons en maintenant au sens de la démarche diplomatique française vis-à-vis d’Alassane Ouattara.
Ensuite, le sens de la démarche française.
Premièrement, le fait d’éviter tout contact avec Ouattara, le fait d’éviter même les appels téléphoniques, relève historiquement de la diplomatie de la rupture. Cela veut dire que la France de François Hollande prend ses distances vis-à-vis de Ouattara et n’entend ni de près ni de loin, lui donner le sentiment d’être son parrain, son complice ou son allié privilégié.
Deuxièmement, la France de François Hollande pense que trop de points d’ombres entourent le statut d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire. Elle ne veut ni les endosser ni s’en défaire sans avoir fait son opinion personnelles sur les tenants et les aboutissants de ces points d’ombre.
Troisièmement, François Hollande pense personnellement que Ouattara est plus qu’infréquentable et qu’il faut qu’il le lui fasse savoir qu’il ne fait pas partie de ses amis.
Enfin, la France de François Hollande a tenu à envoyer un message public et officiel à Alassane Ouattara qui insiste pour se comporter comme un valet des Chefs d’Etat français en Afrique. Et ce message est le suivant : désormais, chacun se débrouille pour gérer les affaires intérieures de son pays.
Mais Hollande n’entendait pas s’arrêter là. En si bon et début de chemin. Il a déjà exprimé sa volonté très claire de conduire, selon des sources diplomatiques, un Audit sur la gestion des avances de trésorerie dont Ouattara a bénéficié au lendemain de son installation en Côte d’Ivoire, par Nicolas Sarkozy.
A l’époque, Ouattara faisait croire que le Président GBAGBO cumulait 3 mois d’arriérés de salaires. Ce qui est archi faux. Il n’y avait aucun arriéré de salaire car même le salaire du mois de mars 2011était déjà positionné dans les banques, quand les bombardements français ont commencé.
Alors, où est passé cet argent ? Ouattara répond qu’il a servi à payer 3 mois d’arriérés de salaires des fonctionnaires. C’est ce même mensonge qu’il s’est fait fort de répéter lors de sa dernière interview avec RFI et qui lui valut un démenti de la part du Porte-parole du Président GBAGBO, représenté à cet effet par le Ministre Koffi Koffi Lazare.
Voici donc tout le sens de cette expression utilisée dans le Communiqué de l’Elysée : « … se rencontrer dans les meilleurs délais afin d’examiner comment approfondir le partenariat franco-ivoirien. »
Cet approfondissement est lié à une condition préalable : l’Audit des comptes des avances de Trésorerie françaises pour payer soi-disant 3 mois d’arriérés de salaires des fonctionnaires ivoiriens.
Voici donc tout le sens de la nouvelle démarche diplomatique française en direction d’Abidjan.
Et sans en attendre grand-chose, nous restons tout de même convaincus qu’il n’y pas non plus grand-chose à espérer du côté de ceux qui hier se prenaient pour des employés français en mission de conquête coloniale en Côte d’Ivoire.
Hollande feignant d’avoir compris nos conseils quant à la nécessité pour lui de regarder la Côte d’Ivoire comme son totem en prenant ses distances vis-à-vis d’Alassane Ouattara, nous ne pouvons que prendre acte de cette volonté affichée de faire les choses autrement.
Dans tous les cas, nous avons déjà pris les dispositions utiles pour imposer le respect à la France une bonne fois pour toutes, si jamais elle ose s’inviter dans la gestion à guichet fermé de nos différends avec le génocidaire Alassane Ouattara.
A Très bientôt.
Hassane Magued