Maintenant que Nicolas Sarkozy, l’ami intime d’Alassane Ouattara a quitté le pouvoir, les journalistes d’investigation français et les ONG de «watching» et de vigilance démocratique seront-ils plus courageux en ce qui concerne les affaires françafricaines qui concernent le couple qui trône aujourd’hui à la tête de la Côte d’Ivoire ? Jusqu’à présent, les «investigateurs» se sont tenus éloignés de ceux qui étaient, jusqu’au 6 mai, les chouchous de la France officielle.
Pourtant, il y a des choses à dire… D’ores et déjà, Patrice Finel, responsable politique du Front de gauche, de Jean-Luc Mélenchon, a mis les pieds dans le plat dans une interview accordée au site Internet afrik.com. Invoquant l’affaire des «biens mal acquis» des chefs d’Etat africains en France, qui défraie la chronique et menace les présidents Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville), Ali Bongo Ondimba (Gabon) et Teodoro Obiang Nguema (Guinée Equatoriale), il affirme : «On peut s’étonner qu’il n’y ait que les trois personnes que vous citez qui soient concernées, qu’en est- il de M. Biya du Cameroun ou de la fortune de M. Ouattara gérée par sa femme ! De plus, je trouve curieux que l’enquête avance surtout sur la Guinée équatoriale, pays ou la France a peu d’intérêt et soit en panne pour le Congo Brazzaville ou le Gabon ! Pour notre part, nous pensons qu’il faut être implacable avec tous ces corrompus et leurs corrupteurs !» Voilà qui est dit.
Avant Patrice Finel, c’est Christophe Châtelot, journaliste au quotidien Le Monde, qui avait (très prudemment) osé lever le tabou français sur la nature des activités immobilières de Dominique Ouattara, et leur imbrication quasi-obligatoire dans le dossier des «biens mal acquis».
Dans un article daté du 21 mai 2011, il écrivait : «Dominique Ouattara est l’héroïne d’une success story d’affaires, affichant sa « fierté » de diriger un groupe immobilier de 250 personnes ainsi que Radio Nostalgie Afrique. Son agence d’Abidjan a essaimé avenue Victor-Hugo à Paris (16e), où elle gère notamment le patrimoine contesté de dirigeants africains, à Cannes et aussi à Libreville (Gabon), où feu le président Omar Bongo avait demandé à Mme Ouattara d’ouvrir une succursale.»
Benjamin Silué Le Nouveau Courrier