Cameroun : Biya gagnera les élections mais perdra la tête !

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Vox populi, vox Dei. Que la voix du peuple fut la Voix de Dieu ! Mais vox populi, vox erratum. Puis la voix du peuple devint la voix de l’erreur. Erreur commise par un peuple instrumentalisé. Erreur commise parce que ce pauvre peuple a peur du changement. Erreur aussi parce qu’il a été éduqué dans le mensonge, le faux paternalisme, la corruption morale. Le Cameroun, c’est ce peuple là qui n’échappe pas à cette réalité implacablement africaine.
 
Biya est le père de la stabilité avec un « peu » d’injustice commise contre l’opposition, faisant quelques centaines de morts. Mieux vaut sacrifier quelques uns et sauver la multitude. Cela s’appelle forcer le respect et consolider le pouvoir.
 
Alors Biya gagnera les élections de 2011. Parce qu’en territoire affamé, lorsqu’un bulletin de vote de l’adversaire peut rapporter 1000 francs CFA, je ne connais pas beaucoup d’électeurs qui refuseront de le commercialiser. D’ailleurs qu’est-ce que l’autre fera pour moi, s’il venait à gagner ? Ne sont-ils pas les mêmes ?
 
Oui, ils sont les mêmes. Un Bantu reste un Bantu. Chez le Bantu, le pouvoir est conquis pour régner et non pour enrichir les sujets. Le citoyen est un sujet politique sur qui Biya règne. Il est craint pour sa capacité à donner la mort sans être inquiété. Mais il n’est pas aimé. Il le sait. Cependant, il s’en fout. Dès lors qu’il n’a aucune raison d’avoir peur de subir le même sort que celui qu’il inflige aux autres, à ses opposants.
 
Dans l’Europe féodale, la même arrogance a habité tous les rois et toutes cours royales. Ils ont conquis le pouvoir d’Etat. Ils ont régné, conduit des guerres de conquête et dominé leurs peuples et des peuples conquis. Puis vint le siècle des lumières avec plusieurs courants de pensée révolutionnaire.
 
La plupart des monarchies se sont effondrées. Plusieurs rois ont été décapités. Et ceux qui leur ont succédé dans un environnement où la République remplaçait ou cohabitait avec une monarchie honorifique, ont compris qu’il faut gagner les élections avec le peuple et non gagner des élections et contre le peuple. Parce que la colère du peuple fait perdre au roi, sa tête, au sens propre comme au sens figuré.
 
Alors Biya ne devra pas fêter d’apprendre qu’il gagnera les prochaines élections qu’il organise pour gagner. Il doit être inquiet. Parce que j’ai vu Douala. Et j’ai compris que l’homme a perdu le peuple depuis fort longtemps. C’est pourquoi j’ai peur pour lui. Parce qu’il est assis sur un volcan en ébullition ascendante.
 
Si Biya avait encore des oreilles utiles pour entendre, je lui aurais recommandé de tirer sa révérence en proposant l’organisation d’élections anticipées dans les deux années qui vont suivre sa victoire certaine de 2011. En le faisant, il gagnera deux choses : le respect du peuple, cet indispensable respect qui doit se substituer à la crainte de Biya, mais aussi et surtout, le pardon de tous ceux qui sont frustrés depuis au moins trois décennies.
 
Si Biya ne m’écoute pas, il perdra sa tête, au sens propre comme au sens figuré, avant la fin de son septennat de trop. Parce qu’un peuple qui a fini par vaincre sa crainte, est irrésistiblement habité par le désir de vengeance et reste ouvert à tout marchandage pour étancher sa soif de Justice. Or les marchands ont déjà posé pied à Yaoundé.
 
A très bientôt.
                                      
Hassane Magued

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