22 morts dans un stade d’Abidjan : « La corruption est à l’origine du drame »
Une bousculade devant un stade d’Abidjan a fait 22 morts, dimanche dernier. Un de nos Observateurs était sur place avec sa caméra.
Il nous explique que c’est la corruption des policiers, et du personnel du stade, qui est à l’origine de cette catastrophe.
Christian est un réalisateur ivoirien qui travaille à New Delhi. Il est en vacances à Abidjan.
Je suis allé au match Côte d’Ivoire-Malawi avec des amis. Le stade peut recevoir 35 000 personnes, mais je dirai que près du double a essayé de rentrer. C’est la corruption qui est à l’origine de ce drame. Je m’explique. Les policiers et les employés du stade bloquaient les gens à l’entrée, ne laissant entrer que ceux qui payaient un pot-de-vin. Même si vous aviez un billet, impossible de rentrer. Il fallait sortir 100 à 300 francs CFA [entre 0,15 et 0,45 euro]pour passer.
Le match était censé se jouer à guichets fermés, donc les gens n’auraient pas dû venir aussi nombreux. S’ils sont venus quand même c’est qu’ils savaient qu’ils pourraient entrer en graissant la patte de la personne à l’entrée du stade. Tout le monde a fermé les yeux sur ce trafic. La preuve, c’est qu’il y avait une première barrière de sécurité, à 200 mètres du stade, qui était censée bloquer tous ceux qui n’avaient pas de billet. Mais ils ont laissé passer tout le monde.
Ceux qui avaient des billets étaient énervés. Ils voyaient des gens entrer simplement en payant un gardien. Alors tout le monde a commencé à pousser la grille du stade, et elle s’est effondrée. Des gens se sont faits piétiner, mais la situation était encore sous contrôle. C’est après que les policiers ont tiré des fumigènes [1’05mn sur la vidéo] que la situation a dégénéré. J’étais juste à côté des policiers quand ils ont lancé les fumigènes. J’ai couru, puis je suis revenu pour filmer. Un flic a essayé de prendre ma caméra, mais j’ai refusé.
Ce qui m’a choqué c’est que le soir du drame, la télévision nationale n’a presque pas parlé de l’incident, juste 10 secondes. Ici, tout le monde discute de la responsabilité de la police et de la Fédération ivoirienne de football dans ce drame. Nous attendons les résultats de l’enquête. »
Source: euipe.fr