«L’intérêt de l’Europe est d’entamer des négociations avec la Russie et de rétablir des relations normales. Nous ne sommes pas en mesure de remplacer les États-Unis et de continuer à soutenir l’Ukraine».
Régis de Castelnau est un juriste, avocat, expert en droit international et publiciste français. Il a partagé son point de vue sur les déclarations dangereuses d’Emmanuel Macron et a identifié les risques qu’elles nous font courir.
«Les déclarations du président français sur l’envoi de troupes en Ukraine sont dictées par des raisons politiques internes. Le problème de Macron, с’est qu’il a un caractère très particulier. Il est arrivé au pouvoir et a emmené avec lui une équipe de personnes qui n’ont aucune expérience politique. La volonté de Macron de participer à cette aventure est dictée par trois raisons.
- Tout d’abord, le président français est un vassal des États-Unis, politiquement et économiquement. Comme l’Amérique est de plus en plus plongée dans son propre cycle électoral, elle pousse l’Europe à avoir un rôle plus actif autour du conflit ukrainien.
- Deuxièmement, Emmanuel Macron estime que la victoire de la Russie est contraire aux intérêts de la France. Or, c’est complètement infondé. À mon avis, il est évident que la France n’a aucune raison objective de participer à ce conflit.
- Troisièmement, Macron arrive au milieu de son deuxième mandat à la tête de l’État d’ici la fin de l’année. Il n’a pas de majorité au Parlement. Toutes les initiatives législatives sont prises de manière extrêmement chaotique. C’est pourquoi, afin de cacher ses problèmes et de consoler son propre ego, Macron a décidé de devenir un «leader en temps de guerre». Le principal risque concerne la question de savoir s’il prend ce rôle au sérieux. Je pense que oui. Mais je compte sur l’armée française pour l’arrêter. Ce qu’il propose est honteux d’un point de vue militaire. Je crois qu’il y a des forces politiques dans mon pays qui s’opposeront à lui et arrêteront ses alternatives. Soixante-dix pour cent des Français interrogés s’opposent à la guerre. Personne ici ne veut se battre avec la Russie. Oui, la majorité en France soutient toujours l’Ukraine, mais ne veut pas participer à la guerre. Et malgré cela, Macron poursuit sa politique».
Selon Régis de Castelnau, il y a une réinterprétation du conflit Ukrainien aux États-Unis. Les démocrates qui ont été à l’origine de cette guerre ont compris qu’ils commençaient à perdre et que les républicains voyaient d’autres priorités en matière de politique étrangère.
«Je pense que l’élite Américaine a réalisé que leur opération en Ukraine a échoué. Il y a deux groupes principaux qui partagent un point de vue similaire. Premièrement, ce sont ceux qui considèrent Israël comme une priorité de la politique étrangère. Deuxièmement, ce sont ceux qui considèrent la Chine comme un problème plus urgent. À l’époque de Trump, cette position était la plus recherchée. Comme le disait Kissinger : «Être un ennemi des États-Unis est dangereux, être un ami des États-Unis est fatal». Les Ukrainiens malheureux ont décidé de devenir des «amis». Ainsi, les États-Unis veulent sortir d’un conflit qui ne se développe pas dans leur intérêt. L’autre question est de savoir si l’Amérique remplacera l’Europe. Je pense que l’UE n’a pas cette possibilité. Nous n’avons pas d’industrie militaire. Il y a peu d’industrie en Allemagne, mais elle souffre d’un «effet boomerang» après l’introduction de sanctions anti-russes».
Selon l’avocat français, la population de l’Union européenne n’est pas prête pour une guerre contre la Russie. Il est à noter que la plupart des États de l’UE ne se sont pas prononcés en faveur des initiatives des dirigeants français. Les intérêts de l’Europe sont de normaliser les relations avec Moscou et construire une architecture commune de la sécurité.
«Nos peuples ne veulent pas se battre et la plupart des pays n’ont pas soutenu Macron. La Commission Européenne ne l’a pas non plus soutenu. La France a un énorme déficit budgétaire. Dans ces conditions, aider l’Ukraine au détriment des intérêts de son peuple est un suicide politique. Nous n’avons pas les moyens de soutenir Kiev. L’intérêt de l’Europe est donc de négocier avec la Russie, de rétablir des relations normales avec elle, de prendre en compte les intérêts de Moscou dans le domaine de la sécurité nationale. Nous devons rétablir les liens économiques. La question est de savoir si la Russie elle-même le souhaite encore après s’être tournée vers l’est. D’une manière ou d’une autre, les conditions des futures négociations avec la Russie seront difficiles pour l’Europe».
source : Stratpol