Nous, orphelins de la République, parce que nous ne sommes ni filles ni fils de, à chaque réveil, nous nous demandons de quoi la journée sera faite.
Parce que nous ne savons de quoi notre journée sera faite, nous nous refugions dans la prison à laquelle les gouvernants nous ont condamnés.
Dans ma situation d’orphelin de la République, parce que je ne suis pas le fils de, je me suis résigné à mon triste sort de citoyen de seconde zone ou de la périphérie.
Même dans mon état d’orphelin de la République, j’ai l’occasion de rencontrer des Ministres en fonction ou en fin de carrière et des Officiers des Forces armées en fonction ou à la retraite.
Quand j’exprime mon inquiétude quant à l’avenir et le devenir du Togo, ils me confient dans le chuchotement ceci :
Nous mêmes ne savons pas là où va notre pays
J’ai toujours trouvé une forme d’hypocrisie et de cynisme dans ces déclarations.
Revenons maintenant au motif de la présente chronique. Elle m’a été inspirée par une déclaration de l’Honorable Gerry Taama qui dit ceci sur sa page Facebook :
« Même moi qui aime le Togo de tout mon cœur et encourage les gens à croire à ce pays, il y a des jours où je suis complètement découragé, dévasté.
Que Dieu nous vienne en aide.
Prions pour le Togo. »
Gerry Taama, de par ses origines et de par son cursus, n’est pas n’importe qui.
En ce moment où Gerry Taama lance ce cri d’alarme, il est Député à l’Assemblée nationale.
Si un Parlementaire lance un pareil cri de désespoir, quels cris allons nous pousser, nous les orphelins de la République ?
Tous ces cris et clameurs de désespérance me renvoient à trente ans en arrière, quand en pleine grève illimitée, le Général Eyadéma du retour d’un voyage à Abuja à dit dans le hall de l’aéroport, entre autres choses, ceci :
* Le Togo va reculer de cent ans en arrière*
Était- ce une prophétie ou une malédiction ?
Dans l’un ou l’autre cas, c’est à son fils Faure Gnassingbé qu’il avait passé le témoin.
Il appartient donc à ce fils de dire ou de montrer aux Togolais qu’il est venu pour faire reculer le Togo de cent ans en arrière ou de le faire avancer de cent ans.
Dans l’un ou l’autre cas, l’histoire retiendra un seul nom : GNASSINGBÉ !
Que Dieu sauve, garde et bénisse le Togo, notre patrimoine commun !
Bodi Banche BODELIN
Chroniqueur togolais
Lomé, 17 mars 2024