Homme d’affaire de renom, Jean-Pierre Amougou Belinga entre dans l’arène médiatique en 1995 en lançant le journal ‘l’Anecdote.’ Premier segment du Consortium « Groupe l’Anecdote ».Un peu plus de deux décennies plus tard, la « harcèlosphère’ »de manière tonitruante, le fait passer de ‘traiteur’ d’information à « sujet’ »d’actualité. Les qualificatifs—assassin,’criminel économique,’ « manipulateur », adepte du magico-anal, « sectaire, » « tribaliste,’« soutien d’un régime moribond, utilisés par les ‘cyberharceleurs’ pour le peindre, le font connaître au grand public.
Normalisation de la violence
Peu à peu, ces mots ‘non-innocents’ cultivent la haine de Amougou Belinga dans l’opinion. Il est systématiquement attaqué de toute part. Les propos, les écrits, et les débats sur lui, dépassent très souvent le cadre de la morale citoyenne et ne font pas œuvre de salubrité publique. La marée monte avec le kidnapping le 17 janvier d’un animateur radio suivi de son assassinat le 22 janvier 2023. Mais Belinga ne fait pas le choix de poursuivre en justice ses détracteurs et de déposer plainte.
Ce refus de faire assumer les responsabilités et la réticence à enquêter et à ouvrir des poursuites face à de telles attaques aussi bien par le concerné que par l’Etat vont normaliser la violence dans les media tant traditionnel que virtuel. Cette faiblesse dans l’application des lois (ou l’insuffisance de la réponse judiciaire) qui constitue une violation des obligations des Etats à prévenir et à sanctionner de tels crimes, va créer au Cameroun une impunité de facto et faire des ‘cyberharceleurs’ des ‘héros(?).’
Nietzche et Kant, invités des ‘cyberharceleurs’
Fort de ce statut et du fait que les fausses informations sont beaucoup plus virales dans les sociétés humaines à la recherche de notes contraires à la rhétorique des institutions légales et légitimes—ou des enquêtes produites par des journalistes sérieux—, ces ‘accélérateurs fabuleusement inquiétants, sur le complotisme, la haine, le déchaînement des passions tristes, l’émotion’ pour reprendre Fabrice Arfi, journaliste à ‘Mediapart,’ vont appeler à la haine de cet homme d’affaires. Et réussir à monter à coup de centaines de millions, les Camerounais contre lui. Pour la populace, quelle que soit l’‘affaire,’ fictive ou pas, il doit-être déclaré coupable et condamné. Pour ses adversaires politiques, il devient un ‘argument’ politique. Pour ses concurrents économiques, il est une ‘marque’ à sortir du circuit économique.
Les Camerounais à qui ces mensonges s’imposent sous la pression des corrupteurs d’esprit, ne tolèrent aucune divergence de vue. Pourtant, le positivisme philosophique « n’admet aucune réalité qui ne soit un fait.’ Néanmoins, l’activisme zélé des ‘cyberharceleurs’ permet de vérifier au Cameroun une réflexion du philosophe Nietzche qui affirme que le monde peut être séparé en deux catégories de personnes—‘celle qui suit sa propre volonté, et celle qui suit la volonté des autres.’ La seconde catégorie ‘se contentant de reproduire ce que les autres font et disent.’ Ces gens, en étant capables de croire à la propagande répétée sans cesse des ‘cyberharceleurs’ contre Amougou Belinga, donnent raison à Emmanuel Kant qui a dit, ‘les êtres humains sont les seuls animaux qui ont besoin d’un maître pour vivre.’
Journalisme d’investigation pour le journalisme de ‘spectacle’
Ce dérapage survient à un moment où il était plus que jamais nécessaire, le journalisme d’investigation. Malheureusement, les acteurs de ce journalisme pointu piétinent l’‘expertise’ qu’exige leur secteur d’activité, pour se ‘sourcer’ dans le bouillonnement fade, insipide, manipulateur, et inutile des ‘cyberharceleurs.’ Leurs écrits et interventions se nourrissent des mensonges et rumeurs, des reporters(?) des réseaux sociaux, devenus leurs ‘agences de presse.’ Ces ragots font les gros titres des publications qu’une opinion non-avertie croient sérieuses.
La ‘sacralisation’ des faits n’a aucune importance pour eux. La recherche de l’information à la bonne source non plus. Les vérifications nécessaires avant publication, n’entrent pas dans leur registre. La hiérarchie de l’information qui est le propre du journalisme, est bafouée. La déontologie et l’éthique ne comptent pas. Ils sont à la recherche du spectaculaire. Pour cela, le journalisme de ‘spectacle’ prend le pas sur le journalisme des ‘faits’—contribuant à leur faire perdre la main sur le récit. Toute chose qui a fait perdre à l’information sa ‘densité.’
Recettes publicitaires, bakchichs, et billets sales
Dans ce carcan, le travail d’investigation qui permet de livrer au public des informations fiables et utiles, de l’informer de certains sujets sensibles, et lui apporter la lumière sur les faits difficiles qu’il ne peut détecter, est mis entre parenthèses. A coup de dizaine de millions de FCFA, des media locaux, ‘Equinoxe tv, Le jour, Popoli, …,’ et étrangers ‘les correspondants de France 24 (et autres)’ sont payés ‘pour amener l’opinion à déduire que c’est Amougou Belinga qui a tué Martinez Zogo.’ Ecrit H. Nkefack.
Sous le poids de la corruption, les journalistes ‘antiAmougou’ ne traitent ni du réel, ni ne décryptent les fausses informations. Au contraire, ils vulgarisent de faux scoops. ‘Griotisent.’ N’assument pas leur fonction de contre-pouvoir tant politique, judiciaire, qu’économique. Pourtant, ils devraient le faire. Non pas pour eux. Mais pour le public qui veut connaître la vérité.
Cette mission s’avère difficile pour ces politiciens déguisés dont la capacité de production journalistique se limite à Amougou Belinga. L’‘alpha’ et l’‘omega’ de leur réflexion. Aller au-delà est impossible, dans la mesure où, la corruption est passée par-là et scellé le bon sens. Mieux, un billet sale sur Belinga paie plus qu’une saison de leur publication.
En plus, ceux qui veulent voir la tête du PDG de ‘Vision 4’ roulée à leurs pieds, se servent des recettes publicitaires et de bakchichs qu’ils versent aussi bien à ces journalistes-politiciens qu’aux ‘activistes(?)’ et ‘lanceurs d’alerte(?)’ pour museler les critiques constructives. ‘En acceptant la corruption’ dans cette affaire pour ensevelir la vérité, ces journalistes(?) ‘tue[nt]la société dont il[s][sont]la voix et l’œil.’ Explique Mwapa Mumwenda, investigatrice zambienne du Muvi Télévision. Alors que, ‘le journaliste d’investigation en Afrique doit se donner corps et âme, avoir un dévouement, consacrer sa vie pour ce travail et afficher sa détermination à braver les nombreuses pressions dont ils sont eux-mêmes l’objet.’ Complète-t-elle.
Redéfinir le journalisme camerounais
Dans ce contexte de corruption, le journalisme pratiqué n’est pas une source d’information juste, impartiale et équilibrée. Par conséquent, les papiers produits ne cherchent pas la vérité et ne reflètent pas ce que leur pays devrait être. Alors, dire que les journalistes camerounais dans leur majorité ne font pas leur boulot, qu’ils ont légitimé la haine du journalisme et des journalistes, n’est pas exagéré. Ils sont un outil de vulgarisation des rumeurs, de la haine ou de règlement des comptes. Affirmer aussi qu’ils sont les premiers responsables de la délégitimation du journalisme n’est pas un abus.
Cet ensemble vérifié dans l’‘assassinat du 22 janvier,’ que certains ont transformé en une ‘affaire Belinga,’ exige que l’on donne au journalisme camerounais une autre définition—celle des ‘marmailleurs.’ Ceux qui ne savent pas ce qu’ils font dans ce métier. Si non qu’être des mauvais esprits animés de mauvaise intention.
Faire sauter la République
Cette « affaire Belinga,’ » rythmée par la ‘cyberattaque’ ou la ‘cybermenace,’ et portée par le « journalisme d’un plat de lentilles »,’peut faire dire que les attaques contre Amougou Belinga, compte tenu de sa popularité, ne sont qu’un juste retour de flamme. Mais…le laisser-aller et le laisser-faire accordés au numérique et au digital pourraient déstabiliser non seulement des particuliers, mais…faire sauter la République.
Feumba Samen