Incarcéré depuis la révolution du 14 janvier 2011 et poursuivi dans plusieurs affaires de corruption, Imed Trabelsi (neveu de Leila Trabelsi -épouse de l’ancien président tunisien Zine El Abidine Ben Ali-) a été auditionné dans la soirée du vendredi 19 mai 2017, lors de la séance d’audition publique organisée par l’Instance Vérité et Dignité (IVD) consacrée au dossier de corruption financière. Il a, à cette occasion, fait des aveux publics sur son implication dans diverses affaires, notamment celles relatives à l’importation illégale avec la complicité active des services de la douane. Il a, ainsi, avoué qu’il donnait des directives à ces services pour qu’ils empêchent l’entrée des cargaisons des autres importateurs de bananes, afin qu’il puisse écouler sa propre marchandise sur le marché local avant les autres. Dans la vidéo réalisée depuis sa cellule, Imed Trabelsi a raconté pendant une heure et demie comment il est devenu l’un des hommes riches du pays sous l’ère Ben Ali.
Le plus connu des membres du clan Trabelsi, qui avait mis l’économie tunisienne sous coupe réglée pendant la dictature de Ben Ali, a livré vendredi soir un témoignage inédit sur la corruption à l’époque, en présentant ses excuses au peuple tunisien.
Le récit de Imed Trabelsi, neveu de l’épouse du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, a été enregistré dans la prison où il se trouve depuis la révolution de 2011. Il a été diffusé par la télévision nationale lors d’une audition organisée par l’Instance Vérité et Dignité (IVD), chargée de recenser les violations des droits de l’Homme de ces dernières décennies.
Imed Trabelsi, 42 ans, a raconté pendant une heure et demie comment il est devenu l’un des barons du pays sous Ben Ali, décrivant un système bien huilé grâce à la complicité de douaniers, de hauts fonctionnaires et de ministres.
« Nous avions pratiquement le monopole sur le commerce de la banane », a ainsi dit celui qui était aussi présent dans l’immobilier et l’alcool. Si un autre homme d’affaires essayait de lui faire de la concurrence, « nous bloquions » son chargement.
Les douaniers qui travaillaient avec nous se consacraient à notre bateau (…), ils bloquaient les intérêts de beaucoup de gens et on ne sortait que notre marchandise, avant tout le monde…
Concernant les hauts fonctionnaires, Imed Trabelsi a assuré que certains avaient fait du zèle pour se faire bien voir par des proches de Ben Ali, comme son gendre Sakher el-Materi. « Les responsables qui veulent se défausser complètement de leurs responsabilités, ce n’est pas vrai », a-t-il lâché. Il a dit « s’excuser du fond du cœur » et vouloir « tourner la page »
. »Sept ans ont passé, j’aimerais que ça se termine. Ma fille avait dix mois quand je l’ai laissée, elle a huit ans aujourd’hui (…). Je veux ma liberté », a-t-il dit.
Après la révolution de 2011, Ben Ali et son épouse Leïla Trabelsi ont fui la Tunisie pour s’exiler en Arabie Saoudite. Ils ont été condamnés par contumace à de lourdes peines de prison. Imed Trabelsi a lui aussi écopé de multiples peines, notamment pour fraude.
En plus des violations des droits de l’Homme comme la torture et le viol, l’IVD (Instance Vérité et Dignité) est habilitée à se pencher sur les crimes de corruption financière. M. Trabelsi a déposé une demande auprès de sa commission d’arbitrage, dans laquelle il reconnaît ses torts et se dit prêt à restituer les sommes illégalement perçues.
Cette audition intervient au moment où le Parlement tunisien a repris l’examen d’un projet de loi défendu par le président Béji Caïd Essebsi, qui prévoit l’amnistie de faits de corruption en échange d’un dédommagement.
Ce projet est très décrié par la société civile, d’après qui il « blanchit les corrompus », et l’IVD répète qu’il rogne ses prérogatives.
Kapitalis.com
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