La dernière parution de la Lettre du Continent nous brosse un tableau guère réjouissant sur les futurs rapports d’Emmanuel Macron avec l’Afrique.
Aucune originalité: ses contacts, ses conseillers sont des vieux de la vieille, ou de jeunes loups ambitieux, déjà initiés qui ont déja grenouillé dans les arrières cours des présidents Sarkozy puis Hollande.
Alors qu’il était encore étudiant à l’ENA, Emmanuel Macron a effectué un stage de 6 mois au Nigéria, à l’ambassade de France. Et devinez qui était ambassadeur à cette période? Le célèbre Jean-Marc Simon, reconverti à Abidjan, depuis sa retraite -après bons et loyaux services en Côte d’Ivoire- dans le monde des affaires et du lobbing. Dans l’affaire ivoirienne de 2011, nous avions découvert un diplomate qui était plutôt barbouze, commando militaire que simple diplomate, désirant œuvrer pour préserver les bonnes relations de la France avec le gouvernement ivoirien de Laurent Gbagbo qui l’accueille.
Jean Ping ne demande pas mieux que de se mettre au service de son nouveau maître. Comme il aurait aimé être de la fête lors de l’investiture. L’ex-président de la commission de l’Union africaine propose évidemment son carnet d’adresse et sa compétence. Cette approche n’est certainement pas sans arrière pensée; celui qui se proclame toujours le véritable chef d’état du Gabon, attend un coup de pouce (comme Ouattara en son temps) pour pouvoir enfin accéder à la magistrature suprême de son pays!
Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires Etrangères du gouvernement Jospin, est cité aussi parmi les gens influents. Son rapport de 2013 intitulé « Un partenariat pour l’Afrique » fait partie des must du nouveau président; prônant une ouverture vers les géants économiques du continent, il a été co-rédigé avec les économistes Hakim el-Karoui, Jean-Michel Severino, Tidjane Thiam et Lionel Zinsou. ce dernier, avec l’élection de Macron est à nouveau sous les projecteurs. Lionel Zinzou et le président se connaissent bien, ils ont été collègues à la banque Rothschild & Cie.
Zinsou anime encore le club Fraternité fondé par Laurent Fabius, un ami proche, il est aussi administrateur du comité opérationnel du journal Libération désigné par Édouard de Rothschild après le départ de Serge July. Vous comprendrez mieux la ligne éditoriale de ce journal, naguère impertinent.
Maintenant on le retrouve dans la sphère proche de Macron. Il aurait du gagner les élections présidentielles au Bénin, ayant récolté le plus de voix au premier tour, mais c’est le président Patrice Talon qui l’a battu. Le voici recyclé dans l’entourage d’Emmanuel Macron, les décisions de la françe à fric se feront avec lui depuis Paris et non depuis le Bénin! La lettre du continent cite aussi les avocats d’affaire Jean- Pierre Mignard et Jean-Paul Benoit, avocats du gouvernement actuel ivoirien, conseillers de Ouatatra pour ce qui est de la CPI, proposent aussi leurs services, ainsi que le candidat En Marche à la députation Pascal Terrasse, qui a démissionné en mars de son mandat socialiste pour se mettre au service de Macron.
En attendant, à peine élu, le président va déjà prendre ses marques au Mali, où la popultion avait vu la France comme le libérateur, il y a quatre ans et qui déchante maintenant. Le journal Libération sous la plume de Maria Malagardis cite le chercheur Yvan Guichaoua «A quoi sert-il de sommer les populations de s’éloigner de « terroristes » qui ont les traits familiers de voisins, parents, et parfois – au prix de grandes souffrances psychologiques – de vos propres enfants ? Quel sens y a-t-il à choisir le camp étatique lorsque l’Etat est vu comme l’origine même de vos tourments ? Quelle confiance accorder à l’injonction de se distancier des terroristes émanant d’hommes surarmés, envoyés par l’ancien colonisateur, qui ne partagent ni votre langue ni votre religion ?»
Malheureusement, alors que Libération « espère » pieusement qu’une ère plus humaine s’ouvre avec Emmanuel Macron, la liste des amis, relations et carnets d’adresse ne permet pas cet élan d’optimisme. Bruxelles a déjà rappelé à l’ordre le président en lui enjoignant de sévères compressions budgétaires. Alors face à la manne africaine, ce président sera-t-il plus sage, où comme nous le craignons, sera-t-il celui qui sans états d’âme appliquera un programme d’austérité à l’Afrique pour que la France ruinée puisse encore souffler en peu.
Et je terminerai par le commentaire pertinent de Lazare Koffi Koffi, ministre de Laurent Gbagbo,
« 15mn c’est le temps qu’a duré le tête à tête à Koulouba dans le Sahel entre les présidents IBK du Mali et E. Macron de France. Ce dernier est venu rendre visite aux troupes françaises déployées dans le Sahel. C’est hier jeudi au sortir du premier conseil des ministres qu’il a présidé que le Président Macron a saisi par téléphone son homologue malien pour lui faire part de son voyage dans son pays et en même temps lui présenter ses regrets de ne pouvoir se rendre à Bamako, son temps étant limité. Pour de nombreux observateurs, cette visite éclair de Macron dans la zone de l’Azawad, a pour but, pour le chef d’Etat francais de se faire une idée nette des potentialités réelles en pétrole, gaz, or et autres richesses souterraines contrôlées par des séparatistes Touareg et des Djihadistes de connivence avec la France pour les exploiter au détriment de l’Etat du Mali. »
Shlomit Abel
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