Faure Gnassingbé, en mauvaise posture

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Les 11 années à la tête du Togo ont permis aux Togolais de découvrir le vrai visage de leur président. C’était pourtant un Faure Gnassingbé timide, incapable de regarder dans les caméras, fuyant le regard des Togolais et du monde entier qu’un quarteron d’officiers avait installé le soir du 5 février 2005 dans le fauteuil présidentiel comme le successeur de son père.

Pour certains de ses admirateurs comme l’actuel chef de la diplomatie togolaise, Faure Gnassingbé était une « chance » pour le Togo. Le « métis » de Pya et d’Agou, en effet, disposait d’un atout indéniable comparativement à son géniteur de dictateur qui avait régné sans partage sur le Togo durant 38 ans. On dit de lui qu’il avait fréquenté de prestigieuses universités occidentales, et que de ce fait, on avait cru naïvement qu’il était à même d’inscrire le Togo dans le concert des nations démocratiques et civilisées en quittant de son plein gré le pouvoir usurpé.

«La démocratie s’arrête lorsque les dirigeants décident de rester au pouvoir pour toujours – Linda Thomas Greenfield.

Le temps a vite fait de démentir toutes ces belles idées et cette profusion heureuse de bonnes intentions que l’on portait gracieusement sur l’homme. Grisé par la jouissance du pouvoir, Faure Gnassingbé se soude au trône exactement comme son père. Il y a pris un tel goût que toute possibilité d’ouverture démocratique est aujourd’hui hypothéquée.

Les Togolais ne devraient pas pour autant être surpris du recul démocratique du Togo. Faure Gnassingbé lui-même avait donné le ton en confiant que son père lui avait conseillé de ne jamais laisser le pouvoir lui échapper, auquel cas il lui serait difficile de le retrouver. Un conseil qu’il a pris comme une vérité d’Evangile et qu’il respecte à la lettre.

Résultante, la crise politique que traverse le pays au temps du père s’est exacerbée avec le fils. Justement, pour décrisper la situation politique, surtout après la parenthèse de sang de 2005, la classe politique et des organisations de la société civile avaient conclu l’Accord politique global (APG) assorti des réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales comme condition nécessaire à la consolidation de la démocratie, de l’Etat de droit, de la bonne gouvernance et de la réconciliation nationale au Togo. Les réformes politiques ont été également circonscrites dans le rapport de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) en des termes on ne peut plus clairs : la CVJR réaffirme que « l’alternance politique est une aspiration légitime du peuple qui a le droit de confier les rênes du pouvoir au parti dont le programme politique semble prendre en compte ses attentes ».

La Conférence des Evêques du Togo a aussi insisté sur cet impératif d’alternance politique dans sa lettre pastorale. « Les gouvernants sont à notre service, il est légitime de les remplacer quand nous estimons qu’ils ne remplissent plus leur mission ou qu’ils ont atteint une limite qui ne leur permet ou ne leur permettrait plus de bien remplir cette mission », martèlent les Evêques qui rappellent que «le principe de l’alternance politique, avant d’être une valeur démocratique, est surtout une exigence de droit naturel ». Mais le refus de Faure Gnassingbé de mettre en œuvre les réformes constitutionnelles et institutionnelles, de réaliser la décentralisation et d’organiser les élections locales (limitation du mandat présidentiel, élection à deux tours etc.), son refus d’adhérer à la volonté de la Commission de la CEDEAO d’imposer l’alternance démocratique dans les quinze (15) pays membres doublé des avancées démocratiques des pays voisins du Togo confortent les Togolais dans le sentiment que Faure Gnassingbé est le vrai problème du Togo.

La sortie du clergé catholique semble réveiller certaines formations politiques de l’opposition de leur torpeur. Il est annoncé des manifestations pour exiger la mise en œuvre des réformes politiques. Il faut le dire, Faure Gnassingbé est aujourd’hui dans une très mauvaise posture.

Médard Amétépé, Liberté 

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