Le président Laurent Gbagbo, lorsqu’il parlait, parlait comme un prédicateur : sa foi transparaissait toujours. C’était bien le cas lorsqu’on l’a entendu reprendre le Ps 91 v7 pour se l’approprier « Que mille tombent à mon côté, et dix mille à ma droite, je ne serai pas atteint ». Alors, ses adversaires, sans doute moins versés que lui dans les Ecritures, mais préférant surtout rester leurs propres dieux, en ont tiré l’argument que Gbagbo était un semeur de mort : il avançait et les cadavres tombaient autour de lui par milliers…
Madame Ouattara, confite en piété les jours de fête, aurait utilisé une image analogue; analogue ? Oui, mais en apparence seulement. Un petit texte circule régulièrement sur la toile, incriminant notre gente dame :
« Le 7 Août 2010 dans la luxueuse résidence de Cocody Ambassade, Mme Dominique Ouattara déclarait en discussion avec Mme Patricia Balme (chargée de communication du Président Camerounais Paul Biya) « même s’il doit y avoir 100.000 morts nous prendrons le pouvoir » et de rire toutes deux comme s’il s’agissait là d’un jeu. Propos tenus devant le français Jules Perrin, pourtant acquis aux Ouattara : cette déclaration le fit immédiatement mettre fin à sa coopération avec le Parti d’Alassane ».
« Même s’il doit y avoir 100.000 morts, nous prendrons le pouvoir » Dans le contexte où ces paroles auraient été prononcées, il est évidement difficile d’y voir une quelconque référence à la foi ou à la confiance en D.ieu. Cette information est-elle vraie? Je l’ignore, mais je suppose que si elle ne l’était pas, madame Ouattara aurait poursuivi en diffamation les auteurs de cette allégation, ainsi que tous ceux qui l’ébruitent, ce qui semble n’avoir jamais été le cas. Et jamais je n’ai lu que Madame Balme ou Mr Jules Perrin se soient exprimés sur ce sujet.
Aujourd’hui, le cap des cent mille morts a certainement été atteint, largement dépassé d’après de bonnes sources. Le pouvoir a été pris et madame en partage avantageusement l’exercice avec son époux, dans cette magnifique république émergente à l’essor fulgurant; tellement fulgurant que personne ne sait qui sont ces un million 300 000 chômeurs recasés grâce à la « politique sociale » de Ouattara. Comme personne ne connaît non plus l’identité des 3000 prisonniers libérés, qui auraient dû l’être pour Noël ou le jour de l’an ! Mais bon, qu’est-ce que Noël, qu’est-ce que la nouvelle année? Si l’on sent tient à la définition qu’en a donnée madame Ouattara lors de ses courts vœux pieux aux Ivoiriens « A l’aube de cette nouvelle année, je vous souhaite une année 2016 pleine de joie et de bonheur. Que cette nouvelle année apporte ce que la Côte d’Ivoire a de plus cher, la Paix dans le cœur de tous les Ivoiriens ». Ainsi, la vraie paix, ce serait celle qui ne réside que dans les cœurs ? Ce n’est certainement la Paix dont dame Ouattara a entendu une fois de plus la définition lors de la lecture de l’évangile de Noël : « gloire à D.ieu au plus haut des cieux, paix sur la terre, aux hommes de bonne volonté ! » Il n’existe qu’un récit de Noël, rapporté par un seul des quatre Evangélistes, saint Luc. Comment dame Ouattara aurait-elle pu ne pas entendre ces paroles ?
Puisse le procès qui s’ouvre bientôt, – procès de la honte, parce qu’un Président légitime se trouve accusé des crimes du camp adverse –, puisse ce procès faire éclater enfin la vérité et la justice attendues par le président Gbagbo et tous ceux qui le soutiennent fidèlement. « Que mille tombent à ton côté, et une myriade à ta droite, tu ne seras pas touché » dit le Seigneur dans ce psaume tant aimé et chéri par Laurent Gbagbo. Puissent ses détracteurs impénitents le lire également, et surtout méditer sur la suite immédiate du verset en question : « tu n’auras qu’à regarder de tes yeux, et tu verras la rétribution des méchants ».
Alors que la France et tous ses alliés de la rébellion escomptaient assassiner LG dans son bunker, en le localisant grâce à un coup de fil de l’ambassadeur barbouze Jean-Marc Simon, cette parole s’est déjà mystérieusement réalisée : il n’a pas été atteint ! mais le début de la parole est également vrai : oui, des centaines, des milliers sont tombés, tous ces jeunes rassemblés pour protéger la résidence, tous ces jeunes pris en photo dans des containers et que l’on n’a jamais revus, tous ces innocents dont les corps héliportés ont été jetés dans la mer, tous ces anonymes enterrés – voire incinérés – à la hâte par une Onuci volant au secours des putschistes, toutes ces populations de l’Ouest sacrifiées sur l’autel de l’ambition démesurée d’un couple de grenouilles qui se prenaient pour des bœufs…
Alors aujourd’hui, à deux jours de l’ouverture des procès conjoints du Président Gbagbo et de son ministre de la jeunesse Charles Blé Goudé, nous attendons la suite de l’accomplissement de cette parole du psaume 91 : que tranquillement, paisiblement, l’homme Gbagbo, ce dernier grand captif des geôles négrières, puisse maintenant assister à la déconfiture de ses ennemis, et voir son apparente déréliction se muer en victoire. Quelques cartes ont déjà été abattues, avec les déconvenues de Guillaume Soro, les com’zones dans le collimateur de la « justice » ivoirienne (sic!), la citation du général Bakayoko dans l’affaire des écoutes téléphoniques des putschistes burkinabés et de leurs soutiens ivoiriens ! Soumalia Bakayoko, ce grand ami de longue date de Ouattara qui selon la Lettre du Continent vient de bénéficier d’une rallonge exceptionnelle de son mandat de chef d’état major des FRCI, alors que l’âge de la retraite aurait du sonner pour lui ! Du côté français, quatre vingt pour cent des sondés ne désirent plus que Nicolas Sarkozy se représente aux élections. Autant dire, 24 heures après la parution de son livre, que la vocation de ce dernier à devenir la nouvelle « bible » du bon peuple semble fort compromise : certains journalistes n’ont-ils pas déjà relevé nombre d’erreurs ou d’approximations s’apparentant clairement à des mensonges ? D’ailleurs, comment faire confiance à un homme qui, tout comme ses « créatures » les Ouattara, ne s’est jamais préoccupé que de paraître, abandonnant à ses victimes – Khadafi, Gbagbo, Philippe Rémond, et tant d’autres – la mission et le souci d’être pour marquer l’histoire ?
La « faiblesse » de Laurent Gbagbo, c’était justement d’être avant de paraître : Or cela même qui, à vues humaines – et notamment en politique –, passe pour un défaut, est en train de se traduire en force, parce que la logique divine, c’est que l’agneau doit triompher du loup !
Admirable psaume 91, précédé du « cantique de Moïse » – « Seigneur, tu as été pour nous un refuge, de génération en génération… » – et suivi du « chant pour le jour du shabbat », exaltant le repos en D.ieu. Qui que nous soyons – amis ou détracteurs de Laurent Gbgabo –, les paroles de cet hymne sont pour nous. S’il nous en fallait encore des preuves, nous les avons aujourd’hui : aucune cérémonie incantatoire, aucun grigri, aucune bénédiction de faux prophète, aucune manipulation ésotérique ne peuvent empêcher le cours des événements de regagner à terme le lit de la justice et de la vérité. Guillaume Soro lui-même a fini par en prendre conscience : n’a-t’il abandonné ses pieuses pensées du vendredi et du dimanche pour se consacrer à la seule « com » qui reflète de qu’il est vraiment : une « com » sans D.ieu ? Alors, avec le psalmiste, avec tous les Job de Côte d’Ivoire, et particulièrement avec LG et CBG avant leur procès, sachons faire nôtre, – pour qu’elle advienne – ces mots de la promesse qui motive notre commune confiance :« Je le délivrerai et je l’honorerai, je le rassasierai de longs jours et je le verrai dans mon salut ».
Shlomit Abel, le 26 janvier 2016
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