Si votre patron vous manque, rejoignez-le à Yamoussokro
L’appel au meeting des organisations de la société civile sur la situation du régiment de sécurité présidentielle (RSP) a eu un écho favorable, ce samedi, 7 février à Ouagadougou. La « Place de la Révolution » a été investie par de jeunes hommes et femmes pour manifester leur soutien à la transition. Etaient également présents, des responsables de parti politique parmi lesquels, Zéphirin Diabré, Me Bénéwendé Stanislas Sankara, Tahirou Barry…
Luc Marius Ibriga au RSP : « Blaise Compaoré, votre champion, ne reviendra jamais aux affaires »
8 h, c’était l’heure du rendez-vous à la « Place de la Révolution » pour le meeting des organisations de la société civile. Timidement mais assurément, les jeunes, en grande partie, membres desdites organisations arrivaient, chacun avec un message. Ainsi, pouvait-on lire des écriteaux tels que : « Le RSP est une menace pour la transition », « RSP, une milice d’égoïstes et terroristes », « 10 vigiles suffisent pour la sécurité du président du Burkina Nouveau », « Nouvelle mission du RSP, Boko Haram au Nigéria », « Si votre patron vous manque, rejoignez-le à Yamoussokro » ou encore « Je suis Zida ».
Dans la foule, chacun s’exprime sur ce qu’il pense de la garde présidentielle. « Il faut les redéployer », lance une dame, l’air grave. Sur le podium, les animateurs et les « artistes engagés » haranguent la foule qui, en retour, reprend en chœur certains messages.
A la représentante des femmes, Mathilde Yabré, d’ouvrir le bal des déclarations aux environs de 10 heures. Elle appelle au respect de la charte de la transition avant de dénoncer avec rigueur, les « chantages et autres intimidations » à même de troubler son bon fonctionnement. Mathilde a, au nom de la femme, de la veuve et de l’orphelin, invité les populations à rester vigilantes, car dit-elle : « le plus dur a commencé ».
A sa suite, c’est Hervé Ouattara qui est monté sur le podium, avec des allures très engagées pour dénoncer la situation qui prévaut au Burkina. Convaincu que, si l’on a fait partir le patron, c’est–à-dire Blaise Compaoré, ce n’est pas les employés qui résisteront. En clair, Hervé Ouattara, coordonnateur du Collectif anti-referendum (CAR), sans « prétendre » rappeler les évènements d’octobre, estime que : « quand le peuple décide, il va jusqu’au bout. Et quand nous avons décidé à ce que Blaise Compaoré quitte le pouvoir, il est parti en plein midi ».
Considérant le RSP comme des racines qui sont en train de s’implanter profondément, le coordonnateur du CAR a, une fois de plus, sonné l’alarme pour la mobilisation et celle des jours à venir sera, selon lui, d’en découdre avec ces « troubleurs » de la république. Celui, prévient-il, qui voudra jouer avec la tranquillité du peuple sera retrouvé et puni. Pour le député CNT, l’heure est à la vigilance mais aussi à la mobilisation pour définitivement « nettoyer » le pays.
Blaise Compaoré ne reviendra « jamais » aux affaires
« Jamais le retour de Blaise Compaoré, jamais le retour de leur champion. Jamais, Jamais », fait comprendre Luc Marius Ibriga du FOCAL (Forum des citoyens de l’alternance), par ailleurs Contrôleur général de l’autorité supérieur de contrôle de l’Etat (ASCE), aux éléments du RSP. Sept minutes durant, Dr. Ibriga n’a pas été tendre avec ces militaires qu’il a baptisés d’enfants gâtés. Il rappelle, lui aussi, l’urgence de « balayer les ordures » qui traînent encore. Aujourd’hui, dit-il, « des gens sont devenus amnésiques. Ils perdent la mémoire et pensent que tout est fini. C’est pourquoi, ils pensent à faire revenir leur champion ». Un optimisme aux apparences utopiques qui sera résolu, selon l’homme de droit, par l’application de la loi. La chute du Blaise Compaoré est un combat du peuple et non celui du RSP, qui, si, il le voulait, n’avait qu’à fomenter un coup d’Etat.
En tous les cas, prévient, Luc Marius Ibriga, et s’adressant particulièrement aux « pro Blaise », l’article 166 de la Constitution pourrait s’appliquer à leur encontre. Ledit article dit que : « la trahison de la patrie et l’atteinte à la Constitution constituent les crimes les plus graves à l’encontre du peuple ». En outre, se référant à la charte africaine de la démocratie et la gouvernance, le contrôleur général à insister sur l’application de la disposition. Cela est d’autant plus clair avec la constitutionnalisation d’un certain nombre de règles relatives aux valeurs et principes de la démocratie tels qu’écrits dans la Charte africaine. Ces règles condamnent ceux qui se sont rendus coupables de violation de la Constitution d’une peine d’inéligibilité de 5 ans.
Désormais, à en croire Luc Marius Ibriga, la loi sera appliquée au Burkina. C’est aussi, sans condition, la dissolution du RSP, surtout que Michel Kafando n’a pas besoin de garde présidentielle. Le message de Rabsalga Seydou Ouédraogo, de Free Afrik est tout aussi clair. Le peuple burkinabè, dit-il, ne doit pas permettre de tels agissements du RSP. De la réaction, selon lui, doit aller à l’action et la plus urgente est l’ouverture du dossier Blaise Compaoré.
Le procureur du Faso doit ouvrir le dossier Blaise Compaoré
« En même temps qu’il faut poursuivre avec le dossier Thomas Sankara, il faut ouvrir celui de Blaise Compaoré également », propose R. Seydou Ouédraogo, qui n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer l’imposition d’une démocratie surveillée par les militaires. D’ailleurs, dit-il : « la géographie de l’armée pose un problème dans le pays. Ils sont en plein centre-ville mais aussi à Kosyam, le palais présidentiel ».
Les actes du RSP sont vus par R. Seydou Ouédraogo comme un défi au peuple qui, selon lui, doit être au cœur de ce défi. A commencer par l’ouverture du dossier Blaise Compaoré et l’ensemble des personnes incriminées de l’ancien régime. En un mot, la justice doit commencer le travail contre l’impunité.
Une impunité qu’évoque Guy Hervé Kam, porte-parole du balai citoyen, qui croit, comme ces prédécesseurs que des manœuvres sont mises en place pour empêcher la bonne marche de la transition vers les élections. « Ils veulent saboter la transition d’où la nécessité de défendre à tout prix les acquis de notre insurrection », note Me Hervé Kam qui invite à la vigilance.
Les organisations de la société civile par la voix d’Hervé disent exiger sans condition la réunification de l’armée car « les enfants gâtés du RSP », doivent se réveiller enfin, une garde républicaine pour assurer la sécurité à Kosyam, l’ouverture du dossier Thomas Sankara, l’ouverture d’informations judiciaires pour les martyres. Le message est clair et reste le même à savoir la mobilisation pour défendre la transition.
Bassératou KINDO
Lefaso.net