Pour mieux appréhender les agressions juridiques que constituent les coups d’Etat constitutionnels dans les pays francophones et tout particulièrement au Togo, il convient de rappeler le « code de l’indigénat », « une monstruosité juridique » qui a permis aux administrateurs coloniaux, néocoloniaux et postcoloniaux d’embrigader, d’usurper, d’extorquer les Peuples africains. Mais, c’est bien la peur et la terreur sous-jacentes qui a permis d’assoir le système autocratique basé sur la toute-puissance des dirigeants coloniaux. Ce système a été reproduit par des « tortionnaires » que le Général Charles Gaulle et Jacques Foccart ont placé à la tête des nouvelles nations francophones[1]. De cet héritage est issu le système politique togolais des Gnassingbé de père en fils.
La situation politique du Togo caractérisée par plus de cinquante-cinq ans d’un système politique autocratique et despotique, dirigé par une seule famille, les Gnassingbé, suscite une triple interrogation :
- qu’est-ce qui ne va pas chez le Peuple togolais ?
- s’agit-il de tout le Peuple ou seulement d’une partie ?
- une solution pacifique fondée sur le droit et la justice est-elle encore possible ?
Alors que le système Gnassingbé est depuis plusieurs décennies très majoritairement contesté, une partie encore trop importante du Peuple togolais, par fatalisme ou par ignorance, finit par croire à une forme de malédiction. Il s’agit là d’une erreur majeure d’appréciation car ce que le clan au pouvoir a construit au Togo contre le Peuple togolais, doit pouvoir être déconstruit par des femmes et des hommes de valeur, attachés à reconquérir leur liberté. Toutefois, ces derniers devront reconsidérer et s’appuyer sur les vertus cardinales de la vérité, de la justice et de la solidarité, fondement des sociétés africaines si une alternance politique basée sur la vérité des urnes permet à la Démocratie de retrouver ses lettres de noblesse. La démonstration de soutien du Peuple malien envers les dirigeants du pays, décidés à recouvrer leurs souverainetés territoriale, politique, économique, sociale et culturelle, apparaît de plus en plus comme une référence en Afrique.
1. LE PEUPLE TOGOLAIS TROMPÉ : LE RALLIEMENT DES « ALIMENTAIRES » AU SYSTÈME GNASSINGBÉ
Il faut reconnaître qu’au Togo le combat pour retrouver la liberté confisquée est difficile comme en témoigne le nombre important de personnes innocentes qui croupissent en prison pour des raisons politiques ou pour avoir osé courageusement manifester pour revendiquer de meilleures conditions de vie et du vivre ensemble sur des bases de justice.
Qu’il s’agisse de militants politiques, de politiciens, d’activistes ou de membres de la société civile… Si le Peuple togolais a toujours manifesté un soutien actif pour libérer ces innocents, il faut aussi prendre en compte deux phénomènes parallèles :
- certains dirigeants de l’opposition politique togolaise ont « trompé » la population en choisissant de se rallier au système Gnassingbé ; alors que
- d’autres ont d’abord travaillé avec le système avant de s’y opposer.
L’attitude irresponsable de ces dirigeants conjuguée aux dégâts collatéraux du régime d’oppression, qui se traduit sur plusieurs décennies par des milliers de décès, civils comme militaires, au sein de la population togolaise, a pondéré l’enthousiasme initial du Peuple togolais pour risquer sa vie pour sauver celle de ceux qui sont privés de libertés. Face au nombre grandissant de victimes et martyrs innocents togolais sous la gouvernance Gnassingbé et certains responsables politiques et syndicaux dits de l’opposition qui ont choisi d’accompagner ou de carrément de travailler avec le système Gnassingbé, une partie importante des Togolaises et Togolais, qui se sentent trompés, n’ont plus guère envie aujourd’hui d’aller libérer des prisonniers, voire même de se « libérer » tout court.
Le nombre de citoyennes et citoyens togolais, dits « alimentaires » de près ou de loin avec le système Gnassingbé, semble avoir atteint un point de non-retour qui offre une chance lilliputienne à une sortie pacifique sans effusion de sang au Togo. Rappelons tout de même de Faure Gnassingbé a été imposé par une junte militaire au Peuple togolais en 2005, suite à des élections frauduleuses et un non-respect de la Constitution. Il s’est perpétué au pouvoir par des Coups d’Etat constitutionnels grâce à la brutalité et les atrocités hors-la-loi des militaires et des juges en charge de faire respecter la Loi fondamentale du pays. Il s’agit donc bien d’un régime Gnassingbé illégal et anticonstitutionnel. La Cour de Justice de la CEDEAO sera amenée à se prononcer sur cette situation.
Que ce soit au travers des représentants de confessions religieuses, des dirigeants économiques, des artistes, des musiciens et autres membres de la société civile, la notion de promotion du pardon et de la paix, notamment par les représentants des confessions religieuses, en connivence parfois avec le régime Gnassingbé, a paradoxalement empêché que la justice soit conviée au travail de recherche de la vérité et des réparations à accorder aux victimes du système Gnassingbé. Le Peuple togolais, dans sa grande majorité est en train de constater à ses dépens qu’il ne peut y avoir de paix, ni de réconciliation, ni de pardon, ni à fortiori, de juste réparation, sans passer par la case Justice, une justice indépendante du pouvoir en place. Toutefois, l’institutionnalisation du fatalisme que certains tentent d’instaurer au Togo semble avoir du plomb dans l’aile, même si pour le moment, ce fatalisme ambiant et la peur qui sont les principaux vecteurs de la neutralisation de la lutte pour la libération du Togo. Aucune lutte gagnante pour la libération ne peut se nourrir du fatalisme, surtout si celui-ci est nourri par un système de corruption et d’achat des consciences huilé par certains médias de propagande au service du système Gnassingbé.
2. TOGO : L’EFFROI SUSCITÉ PAR LE FAIT POUR UN (E) CITOYEN (NE) D’ETRE ASSOCIÉ (E) AVEC LE MOT « POLITIQUE
Le système Gnassingbé, installé au Togo depuis 1967, a compris les bienfaits qu’il peut tirer de ce fatalisme. Il a ainsi fondé sa pérennisation au pouvoir sur la répression et la peur, entretenant de fait, l’impossibilité d’une alternance politique pacifique. Le système a conçu sa stratégie politique sur les préceptes amplifiés de Machiavel[2].
Au Togo, celui qui contrôle la peur des citoyennes et des citoyens togolais devient de facto le maître de leur destinée, voire de leurs âmes dès lors que la peur conduit certains à légitimer le système du mal et d’usurpation engendré par la famille Gnassingbé. Le système Gnassingbé est fondé sur l’art d’avoir toujours raison[3].
Si le Peuple togolais dans son subconscient collectif est persuadé qu’il faut de la contrainte pour que l’ordre soit respecté, il faut se rendre à l’évidence que pour les tenants du système Gnassingbé, la contrainte a systématiquement été considéré comme un mode de gouvernance de l’arbitraire, pour que la contrainte cède sa place au fatalisme. De plus, ce système Gnassingbé, soutenu de l’extérieur par des puissances occidentales et africaines, a compris que si son maintien au pouvoir et de légitimité politique est en contradiction avec la Loi fondamentale du pays, alors par la force et la contrainte, il suffit de tordre la LOI et les juges avec jusqu’à ce que cette Loi fondamentale amendée le paraisse, au moins aux yeux des puissances occidentales et les institutions internationales et africaines. Mais la population n’a jamais été dupe de l’opération d’usurpation du pouvoir.
Pour que le système Gnassingbé fonctionne, il doit nécessairement « embrigader » le subconscient du Peuple togolais. Pire, il est question d’empêcher l’imaginaire togolais de « rêver » à sa liberté et à sa souveraineté. Il s’agit du viol de l’imaginaire[4] des citoyennes et des citoyens togolais. Le système Gnassingbé a institutionnalisé la confiscation par les « élites » tribalistes et corrompues du pouvoir militaire et économique. La peur institutionnalisée et l’effroi suscité par le fait d’être associé avec le mot « politique » permet à Faure Gnassingbé et ses militaires de confisquer l’imaginaire, les initiatives, les velléités de liberté et même d’analyse indépendante. Alors, il ne faut pas s’étonner que quelque chose ne puisse pas « aller » chez la Togolaise et le Togolais, y compris dans la Diaspora.
Le Peuple togolais dans son ensemble, mais aussi les Togolaises et Togolais pris individuellement, doivent éprouver en permanence le sentiment de peur ou de crainte pour leur sécurité. C’est le constat qui ressort des exactions commises par des militaires non républicains formés pour satisfaire cette basse besogne. Mais l’observation attentive de certains mouvements transversaux qui agitent la société togolaise semble indiquer que le Peuple togolais est en train de surmonter la peur.
L’histoire démontre qu’en maints endroits de par le monde lorsque la peur a reculé les dictateurs ont été chassés du pouvoir. Une triple question interpelle aujourd’hui les Togolais.
- Qui (individu ou groupes d’individus) osera re-faire le premier geste pour entrainer et mobiliser la majorité du Peuple dans le nécessaire mouvement de contestation de la légitimité du régime ?
- Est-ce qu’une condamnation du système Gnassingbé par la Cour de Justice de la CEDEAO entraînant le « lâchage » de Faure Gnassingbé et ses affidés peut faire la différence en conduisant les militaires à préserver leur future en choisissant de ne plus protéger celui qui les fait « vivre » ?
- Que faire une fois le pouvoir vacant pour installer une transition politique sur des bases de la vérité des urnes et donc démocratiques qui permettent d’éviter l’écueil majeur du retour du pouvoir dans les mains des militaires ?
RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA offre des pistes de solutions qui passent par le retour des valeurs, d’un projet de transition politique dit « la Charte de le Mutation du Togo » et d’un projet de société commun qui supposent que des conférences inclusives sans les tenants de Faure Gnassingbé puissent se tenir pour faire jaillir un consensus inclusif.
3. LE PEUPLE MALIEN DONNE L’EXEMPLE À SUIVRE AU PEUPLE TOGOLAIS
Aussi, RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA estiment qu’il importe de rappeler, sans donner des leçons, que sans la promotion des valeurs de l’intégrité, de l’exemplarité et de la dignité, il sera difficile de rétablir les valeurs de la Maât, vérité et justice au Togo. Ils considèrent donc que chaque Togolaise et Togolais, pris individuellement, doivent personnellement et autour d’eux faire la promotion de ces valeurs, condition indispensable pour se libérer et libérer collectivement le Togo.
Il faudra peut-être prendre exemple sur le vaillant Peuple du Mali qui jusqu’à ce jour, soutient le travail de reconquête de la souveraineté du Mali par ses dirigeants intègres.
Il y a donc lieu de s’interroger sur le bien-fondé de l’assertion selon laquelle le Peuple togolais manifesterait un manque d’intérêt, notamment pour le sort des prisonniers politiques innocents et qui ne demandent qu’à être libérés, alors que le Peuple démontre régulièrement qu’assurément il ne manque d’intérêt pour la justice et ne laisse jamais passer une occasion de l’exiger ? Mais que faire face à un Etat qui a instrumentalisé la justice de manière à institutionnaliser l’injustice ? Il faut néanmoins constater qu’entre le Togo et le Mali, il y a une différence de taille. Le Peuple malien soutient les dirigeants maliens dans la reconquête de leur indépendance territoriale, sécuritaire, politique, économique et sociale, voire environnementale. Bien que l’adage dise qu’il faut toujours se méfier de l’eau qui dort, rien ne semble à priori permettre de constater, pour l’instant, au Togo, qu’une grande majorité montre le même courage que le courage démontré par la grande majorité du Peuple malien.
En effet, que fait le citoyen togolais au plan individuel ? On ne saurait lui imputer la responsabilité de la destruction de vies humaines au Togo ? Certainement pas ! Pourtant, à son corps défendant, certains comportements contribuent indirectement à laisser les mains libres au pouvoir et conforter sa démarche. Notamment, l’acception de la corruption de proximité, en « mangeant » l’argent sale des abus de pouvoir, des tortures, de la corruption de ceux qui sont au pouvoir et achètent à prix d’argent les consciences par une forme de ruissellement de l’argent volé à l’Etat, et donc au contribuable togolais. A ce titre, il y a manifestement quelque chose qui ne va pas chez le Peuple togolais au point que de nombreux citoyennes et citoyens sont au bord de la dépression, voire de folie… C’est désespérant !
Personne ne doit rester indifférent à ce drame soutenu au plan international, outre le pouvoir français par le groupe des cinq [chancelleries]du Togo (France, Allemagne, Etats-Unis, Nations Unies et Union européenne). Aussi, chacun doit proposer des solutions pour répondre à la détresse de la citoyenne et du citoyen togolais dont la vie n’est que peine, misère, sans la moindre lueur d’espérance dans un avenir meilleur porteur d’un peu de bien-être. Les véritables malfaiteurs qui détiennent aujourd’hui abusivement et illégalement le pouvoir régalien au Togo ne pourront jamais justifier la longue liste des prisonniers politiques du Togo, encore moins celle des milliers de victimes létales, lorsque viendra l’heure de l’installation d’une institution judiciaire, libre et indépendante.
Aussi, personne ne doit se réjouir du malheur d’une grande majorité du Peuple togolais. Mais il va falloir se poser la question du mal togolais et insister sur les valeurs de la Maât [vérité et justice] afin de structurer le retour aux valeurs de Dieu pour sortir de l’hypocrisie politique et sociale qui sévit dans ce pays.
Il n’est donc pas facile dans ce contexte de répondre au questionnement : qu’est-ce qui ne va pas « chez » le Peuple togolais ou chez la citoyenne et le citoyen togolais ? Autrement dit, qu’est-ce qui ne va pas au Togo ? Pourtant ce questionnement taraude et tourmente une très grande majorité des ressortissants togolais y compris celles et ceux vivant à l’étranger, considérés comme étant la Diaspora togolaise. Pour mieux comprendre la complexité du problème, il est proposé au Peuple togolais de concentrer son attention sur le mode d’appropriation et de conservation du pouvoir politique et le système coercitif et de peur qui lui sert de référence.
4. FAIRE DU ZÈLE POUR CONSERVER LE POUVOIR
Qu’est-ce qui ne va pas chez le Régime Autocratique des Gnassingbé ? L’absence d’alternance politique dans ce pays et le soutien inconditionnel de la France et du groupe des cinq à une présidence illégale et anticonstitutionnelle a déstabilisé ceux des citoyennes et citoyens qui croyaient qu’une forme de vérité pourrait provenir des grandes puissances ou d’organisations internationales comme les Nations Unies ou la Francophonie. Face à la position ambiguë et au soutien de ces institutions stratégiquement alignées sur les positions de la France, la population togolaise doit subir :
- à l’intérieur, l’enclume du système Gnassingbé fondé sur la terreur et les abus de droits et de pouvoir ; et
- à l’extérieur, le marteau du système occidental avec ses courroies de transmission structurées dans des institutions et des réseaux ésotériques et militaires de contrôle de territoires et des ressources africaines.
La difficulté est que pour qu’un tel système perdure, il faut paradoxalement promouvoir une forme de désinformation et distiller judicieusement une amnésie historique sur l’identité et la nature des véritables responsables historiques et présents du problème togolais. Il ne faut donc pas s’étonner de la promotion sous toutes ses formes d’abord celle de sous-traitants dociles, voire de zélateurs pour permettre la conservation du pouvoir.
Mais face à des réactions de plus en plus violentes des populations en réponse à cette injustice stratégique basée sur la prégnance de l’institution militaire sur toutes les strates de la société togolaise, y compris l’économie, il a fallu promouvoir ceux qui peuvent relayer localement des décisions de puissances étrangères sans que ces dernières n’apparaissent comme les véritables instigateurs de ces décisions. L’évolution récente de la fonction de la présidence en exercice de la Communauté des Etats de l’Afrique occidentale (CEDEAO) en conformité avec les positions françaises, pose le problème de la souveraineté de cette institution sous-régionale, et surtout de la représentativité démocratique des Peuples de la sous-région.
De fait, la promotion des zélateurs semble aller de pair avec la promotion de la médiocrité, de l’incompétence, de l’impunité à des fins de conservation du pouvoir par les meilleurs des zélateurs. Cette pratique, héritage direct des 500 ans d’usurpation des droits et de la souveraineté des Africains a trouvé des formes de résurgence postcoloniales, avec en prime, l’invisibilité et l’impunité du donneur d’ordre effectif.
5. PSYCHOPATHOLOGIES TOGOLAISES : ENTRE SCHIZOPHRÉNIE, PARANOÏA, PERTE OU/ET DÉDOUBLEMENT DE PERSONNALITE
Qu’est-ce qui ne va pas « chez » le Peuple togolais ? Il est souvent difficile d’apporter des réponses claires à cette question, tant les causes et conséquences sont imbriquées au point où il est possible de relever, chez de nombreux citoyens togolais, des symptômes de psychopathologies provenant des violences collectives[5] subies au point de faire émerger une véritable forme avancée de schizophrénie[6], voire d’une paranoïa[7]. Il s’agit d’une pathologie psychiatrique chronique et multipolaire en raison de multiples expériences traumatiques ou de malversations avec des manifestations telles que le trouble dissociatif non spécifié s’apparentant à une perte d’identité ou même parfois de dédoublement de la personnalité[8]. Cela peut se traduire par :
- une perception troublée, idéalisée ou au contraire dénaturée, de la réalité togolaise, des rapports de force internes et des rapports de puissance dans le monde ;
- des déclarations et des manifestations pro-actives avec des conceptions donnant une part prépondérante à des voies surnaturelles sans passer par la case de l’organisation collective autour d’un projet de société commun et d’une condamnation par la justice d’un pouvoir illégal et anticonstitutionnel pour,
- d’une part, soutenir la lutte du Peuple togolais contre le pouvoir ; ou
- d’autre part, maintenir le système Gnassingbé au pouvoir ; et
- des témoignages et manifestations passives doublés d’un dédoublement de la perception, du comportement, de la capacité de raisonner et promouvoir le bon sens, voire même une difficulté à écouter et à se concentrer sur l’essentiel au point de transformer un individu social et socialisant en un individu dont la personnalité est en rupture sociale et relationnelle avec la réalité du monde l’entourant.
Cette perte de personnalité et/ou de dédoublement de la personnalité ont conduit à une forme de marginalisation de l’individu togolais dans un monde fermé où la peur, l’absence de courage, le non-respect des valeurs, le contraint à rejeter tout ce qui, de près ou de loin, est perçu comme relevant de la « politique ». Tout ce qui pourrait générer des entraves à sa vie quotidienne, son bien-être ou à celui de sa famille, son ethnie, sa communauté ou la nation togolaise sont considérés d’abord comme ayant une origine ésotérique ou relevant d’un lien de causalité avec la politique.
La réalité est :
- soit une défiance s’apparentant à un isolement politique qui se traduit par « je ne fais pas de « politique » ;
- soit une méfiance s’apparentant à un isolement relationnel au sein même de la communauté togolaise, notamment dans la Diaspora, afin de prémunir la délation, les fausses accusations, la jalousie, et le mal en général.
Au plan physique, la méfiance et la manipulation par l’entourage à des fins de nuisance est une caractéristique d’un individu paranoïaque. En filigrane, c’est bien le doute sur tout son entourage qui conduit ce type d’individu à verser dans le secret et refuser de s’ouvrir et donc à s’organiser collectivement. En effet, tout devient objet d’une interprétation négative qui ne peut que nuire. Que ce soit un regard, une parole, un silence, un soupir, une action ou une parole rapportée, tout devient un sous-entendu qu’il faut interpréter car « nécessairement » à charge contre l’individu paranoïaque[9]. L’humiliation perçue ou vécue sert de justificatif au constat d’un manque de dignité, voire d’insulte, d’où la rancœur, le refus du pardon et une agressivité liée à des soupçons de tromperie et d’infidélité tant en politique que dans la vie civile.
De nombreuses personnalités togolaises, -dirigeants ou pas-, souffrant sans le savoir tout autant de schizophrénie[10] et de paranoïa, de trouble d’identité doublé de narcissisme pervers au point de favoriser une personnalité double qui se caractérise par :
- une affection à soi-même et une surestimation de soi ; et
- une sous-estimation et un mépris de l’autre.
Ce mépris de l’autre finit par amplifier des défauts et anti-valeurs tels que :
- l’autoritarisme et le refus d’un processus démocratique[11] et décisionnel transparent qui s’auto-entretient par le refus de la critique et de l’auto-critique ;
- l’orgueil démesuré qui déstabilise, puis structure des perturbations dans le lien social, empêchant le vivre ensemble sauf dans une logique hiérarchie entre un chef et ses exécutants ;
- des réactions non-rationnelles et émotionnelles à des événements réels ou supposés au lieu de prendre le temps de la vérification ;
- l’autocratie se retrouve dans une pensée et un comportement psychorigide où l’individu souhaite tout régenter et tout contrôler, incapable de délégation de pouvoir, encore moins à de l’agilité dans l’adaptation aux changements du monde.
Individuellement, la citoyenne ou le citoyen togolais doit prendre conscience de sa propre pathologie inconsciente qui le gangrène et le met dans un état de catatonie.
Collectivement, le Peuple togolais doit apprendre à identifier et s’éloigner de ceux ce ces dirigeants qui souffrent sans le savoir d’un trouble dissociatif caractérisé par une amnésie profonde, qui se décline alors sans frontières précises entre la schizophrénie, la paranoïa, la perte de personnalité et le dédoublement de personnalité. La résultante est un refus de responsabilité collective partagée face à l’agression du système Gnassingbé.
Le Togo est devenu le siège où chaque Togolaise et Togolais est témoin d’un drame muet depuis l’avènement du système Gnassingbé qui a transformé des citoyens en bonne santé mentale et spirituelle en des psychopathes et des autistes du drame togolais au Togo. Rien ne sert de se déprimer ou et se décourager dans un silence assourdissant. Il faut nécessairement briser l’omerta institutionnalisé par la vérité, la justice. Pour cela il faut rejeter la désinformation et redevenir solidaire en réapprenant à s’organiser sur des bases des valeurs et de la compétence.
6. TOGO : DE LA PSYCHOLOGIE DE LA TORTURE INSTITUTIONNALISEE A LA PSYCHOPATHOLOGIE CLINIQUE
S’il est vrai que les bourreaux togolais souffrent parfois autant que les victimes, -ce qui reste à démontrer-, la psychologie de la torture institutionnalisées par le système Gnassingbé s’est muée en une « psychopathologie clinique » et d’une peur permanente de fin de règne sanglante ». Les conflits violents issus des tortures morales et physiques infligées par le système arbitraire des Gnassingbé aux populations togolaises ont généré et génèrent encore des traumatismes, causes de troubles dissociatifs, psychiques, psychologiques, physiques et spirituels autant chez les agresseurs que chez les agressés au point d’empêcher toute médiation indépendante au Togo. La soif de médiation à l’extérieur du Togo de Faure Gnassingbé découle de cette indisponibilité à résoudre d’abord les problèmes avec le Peuple togolais, avant d’aller tenter de conseiller les dirigeants maliens. Mais il est plus facile pour une « zébu » de passer par le trou d’une aiguille que pour un « usurpateur » d’aller au « paradis », même avec la force et la peur brutes.
Il faut aller au-delà de la sidération pour tenter de saisir, voire de comprendre ce qui a pu se jouer dans le cerveau des responsables du système Gnassingbé, qui pourtant à priori ne souffrait d’aucune pathologie mentale. Pourtant, c’est bien ce régime Gnassingbé, père et fils, qui est responsable de la psychopathologie avancée de plus de 50 % de la population togolaise. Comment ceux qui exécutent les basses besognes de Faure Gnassingbé contre le Peuple togolais sont-ils ou elles devenus des êtres déshumanisés, capables du pire dès lors que leurs intérêts primaires, principalement alimentaires et de soif d’honneur, sont menacés ? Chacun pourra offrir sa réponse. Mais, une des réponses pour survivre dans cette jungle togolaise de la psychopathologie est la transhumance politique, le fait de « tourner sa veste » sept fois avant de trahir le Peuple togolais.
Il ne s’agit nullement d’une « insulte » mais bien d’un constat. Le fait de « changer de camp ou d’opinion » au Togo se fait de manière prioritaire en fonction des intérêts à défendre, et en contradiction totale avec les principes de la Maât (vérité, justice et solidarité), afin de saisir une opportunité « alléchante » ou surtout d’échapper à une menace en croyant faire disparaître la peur. Les adeptes de cette transhumance se retrouve régulièrement dans une impasse, au point de servir de devenir les victimes d’un système Gnassingbé qui ne les intègre que pour mieux affaiblir toute contestation.
7. TRANSHUMANCES POLITIQUES : UNE ABSENCE D’IDENTITE PROPRE ?
A la réponse à la question de « qu’est-ce qui ne va pas chez la Togolaise ou le Togolais ? La réponse n’est plus tant dans le trouble dissociatif non spécifié individuel ou collectif, mais bien dans une forme disruptive de paranoïa. En effet, de nombreux togolaises et togolais se sentent constamment et sont régulièrement menacés et persécutés dans leur vie quotidienne par des agents du pouvoir Gnassingbé, en civil, en uniforme ou pour certains ésotériques ou inconnus, et par extension, de toute personne dans sa proximité et dans son entourage.
La paranoïa du citoyen du Togo fait de cet individu une personne dont la personnalité est dédoublée et qui vit « à côté de son esprit », voire se dédouble pour ne plus être lui-même, le « je ». Ainsi, volontairement ou involontairement, ce dédoublement de la personnalité de l’humain togolais équivaut à une perte de personnalité et surtout à un rejet de « toute responsabilité », surtout en politique, justifiant ainsi l’impunité.
La personne atteinte de paranoïa est méfiante, elle se sent constamment menacée et persécutée par des personnes inconnues, ou même par son entourage. De nombreux togolaises et togolais ont vu l’évolution de leur personnalité se couper en deux avec une partie qui fait le contraire de l’autre et le tout se présente comme étant irresponsable devant les conséquences des actes, y compris quand cela joue contre le malade lui-même. Il faut alors parler de « comportement dissociatif » qui conduit à une forme d’absence d’identité togolaise propre face à la politique.
Ce comportement dénote une incohérence et surtout favorise les « transhumances politiques » entre le pouvoir Gnassingbé et ladite « opposition ». Cela met à nu une véritable trahison de certains responsables politiques qui s’étonnent d’avoir gagné à des élections au Togo par le passé, et n’arrivent pas à accéder au pouvoir.
Ils ont oublié ou négligé les principes de la « Maât », principalement l’ordre, la vérité et la justice devant Dieu, avec ou sans assistance de sorciers, marabouts ou d’ecclésiastiques, toutes religions confondues. Le mensonge devant Dieu ne peut se solder que par des échecs, ce qui ne peut justifier le maintien de celui qui est illégal et anticonstitutionnel au regard de la Constitution togolaise en vigueur.
Le Peuple togolais est invité à ne pas confier de responsabilité à ceux qui ont promu la « transhumance politique » comme un mode d’accession à une carrière, puis au pouvoir. Ce genre de « politicien » ne peut défendre les intérêts du peuple togolais, ce dans toute sa diversité.
8. LA PARTICIPATION AUX ÉLECTIONS TRUQUÉES OU LA DÉMOCRATIE CONVIVIALE
Une grande partie du Peuple togolais – du fait de la CONTRE-VERITE des urnes, érigée en système d’organisation et de régulation des scrutins au Togo, d’abord sous le règne du père Eyadéma Gnassingbé après qu’il fût contraint par la Conférence nationale de 1991 d’accepter le multipartisme, puis du fils Gnassingbé depuis 2005 -, ne voit pas l’intérêt de participer à ce qu’il considère, à juste titre, comme une mascarade électorale. Sauf que chaque fois qu’il s’agit d’aller aux élections au Togo, de nombreux responsables de partis politiques, ne considérant que leurs intérêts bien compris, expliquent qu’il n’est pas question de ne pas y participer.
Mais une fois, les élections terminées, le vote falsifié et le pouvoir usurpé à leur dépens, ces mêmes responsables de partis politiques dits de l’opposition, crient au scandale, sans pour autant être capables de -ni même vouloir- mobiliser les électeurs pour défendre leur victoire.
La question originelle qu’est-ce qui ne va pas trouve ainsi un prolongement naturel : qu’est-ce qui ne va pas avec les dirigeants de certains partis d’opposition ? Surtout après avoir constaté que certains, avec le temps, ont fini par sceller une alliance officielle ou officieuse avec le système Gnassingbé afin de préserver un statu quo dans lequel les intérêts de chacun sont bien compris et préservés, sinon augmentés.
De ce constat, découle une autre interrogation. Parmi ces responsables politiques de l’opposition, censés représenter le Peuple togolais pour une alternative politique, lesquels sont en mesure de proposer un véritable projet politique alternatif, et donc de rupture avec le système politique Gnassingbé, un véritable projet de société défini dans un programme qui permette réellement de vivre ensemble autour d’un bien commun que constitue le Togo ? Peu de partis politiques en vérité ! Or, pour être pris au sérieux, faut-il encore être exemplaire en termes des respects de valeurs sociétales africaines et proposer un programme politique digne de ce nom au Peuple togolais.
Après avoir analysé l’ensemble du processus électoral et examiné toutes les élections organisées au Togo après la fin de la période du parti unique du système Gnassingbé, il est utile de faire le bilan politique de la participation aux élections truquées d’avance. La finalité de ces élections se caractérise toujours par le triomphe de la contrevérité des urnes. En contrepartie, pour apaiser les rancunes post-électorales, parfois pour tenter d’éteindre des insurrections en gestation, le pouvoir des Gnassingbé usant de sa rouerie habituelle, a ouvert une boite de pandore, celle que constituent les fameux 28 dialogues ou concertations. Il s’agit bien là d’une fausse démocratie conviviale qui sert de justification au maintien au pouvoir du système Gnassingbé, militarisé et ésotérique. Cette forme de démocratie conviviale permet de donner une bonne conscience aux dirigeants occidentaux qui s’empressent via leurs médias d’influence, de valider, parfois avant la Cour constitutionnelle, et d’adouber le candidat vainqueur dès lors qu’il s’agit de leur fidèle et zélée courroie de transmission en Afrique. Ainsi le système Gnassingbé a les mains libres pour enclencher sa machine à broyer les opposants. Cette duplicité lui permet, parfois d’incarcérer ou de contraindre à l’exil, ceux qui n’ont pas compris les enjeux stratégiques et ont cru que leur « tour » de diriger le pays était arrivé, avec ou sans l’aval d’un certain « Saint-Esprit » ou de « divinités amadouées » pour l’occasion.
Le Peuple togolais est invité à faire preuve de réalisme sur les enjeux politiques, à éviter l’écueil de la naïveté et à considérer le rôle de ses futurs représentants politiques en actant la séparation du pouvoir politique et la séparation des confessions religieuses. Le Togo est une République laïque.
9. VIVRE ENSEMBLE AUTOUR D’UN BIEN COMMUN : LA PLURALITÉ DES COMMUNAUTÉS EST UN ATOUT
Mais, qu’est-ce qui ne va pas chez la Togolaise ou le Togolais ? Il s’agit bien d’un mal extérieurement visible, mais visiblement intériorisé. Il se pose bien un problème en rapport avec la question d’une certaine normalité. Mais de quelle normalité s’agit-il ? Normalité en relation avec la morale ? Vraisemblablement ! Cela n’emporterait pas l’adhésion de la grande majorité du Peuple togolais. Il s’agit donc d’une considération d’ordre supérieur : une déviation par rapport à la « normalité » du respect des valeurs communes à une communauté togolaise, multi-ethnique, qui a toujours vécu ensemble en paix, ce depuis des générations. En fait, le « vivre ensemble » repose sur des liens séculaires et pacifiques de bonne entente et de résolution des conflits entre : les différentes personnes, communautés, ethnies, peuples, vivant dans un espace géographique délimité, ce en symbiose avec le respect de la vie de chacun, et donc de la dignité de chacun. Il s’agit en fait de reconsidérer la question de la Nation.
Ce « vivre ensemble » est impossible sans la reconnaissance explicite ou implicite du respect de l’environnement et de la biodiversité au sein d’un territoire commun. De même, il n’y a pas de « vie ensemble » sans le respect scrupuleux des nombreuses valeurs intangibles au rang desquelles, en priorité la liberté sous toutes ses formes et ses limites, là où commence celle des autres, l’égalité des citoyennes et citoyens, un système judiciaire indépendant et courageux, permettant de corriger les dérives liées à des rapports de force asymétriques et à des pratiques liées à des croyances ou pratiques en contradiction avec le mode existentiel contemporain, ou encore à des anomalies de la création notamment les handicaps de naissance ou existentiels.
La nécessaire acception de la différence ne doit pas se confondre avec la prise de conscience de la dissemblance, voire de l’altérité. Autrement dit, la Togolaise ou le Togolais qui ne va pas bien est une personne qui a « honte » de son « Je » du fait de ses actes passés, présents, voire futurs. Cette situation constitue aussi un frein au courage ou à la vaillance, freine aussi les capacités à être proactive ou proactif dans un engagement personnel ou collectif à faire respecter les valeurs du vivre ensemble.
La pluralité des communautés togolaises est un atout et non un handicap. Tous ceux qui ont cherché à créer et amplifier les différences régionales, nord-sud par exemple, doivent prendre conscience que ce sont justement, ceux qui au nord sont les premiers à réclamer, la vérité et la justice, qui souffrent le plus dans le Togo du système Gnassingbé.
10. LE « JE » TOGOLAIS : UNE IDENTITE INDIVIDUELLE, COLLECTIVE ET COMMUNE
Face à un rapport de force asymétrique et un environnement de responsables de la cité à savoir, des politiques, des juges, des militaires, des chefs de partis politiques et d’associations, des journalistes et même des avocats, tous censés, à des degrés divers et sans un vote démocratique et consensuel, représenter ces Togolaises et Togolais, l’identité de la Togolaise ou du Togolais a connu une triple mutation :
- le « je » de l’identité individuelle a été rejeté et remplacé par le « je » du chef. Cela a contribué à créer une communauté de délateurs, de suiveurs, et d’exécutants qui refusent de prendre toutes responsabilités, pour les déléguer, sans contrôle, à un chef, avec ou sans valeurs. Cela a favorisé le règne des dirigeants de confessions religieuses qui ne se sont pas privées d’apporter une contribution pour éteindre toutes velléités de contestation des injustices et des abus de pouvoir au Togo ;
- le « je » de l’identité collective a paradoxalement aussi été rejeté et remplacé par le « nous » de l’allégeance au « chef du village » confondu avec le chef qui peut répondre aux sollicitations et besoins immédiats, avec ou sans l’argent de la corruption, avec ou sans l’abus de pouvoir. Autrement dit, le « nous » collectif disparaît par manque d’objectifs constructifs, ces derniers remplacés par un objectif à court terme, souvent mal évalué, avec in fine, le constat d’une dépendance, d’une soumission, d’une vassalité, et d’un suivisme collectif imposé par un terrorisme autochtone perpétré sous diverses formes par la force régalienne et imposé par les tenants du pouvoir, tant au sommet de l’Etat que dans la proximité du quartier, grâce au maillage militarisé du territoire national ;
- le « je » de l’identité commune fondé sur le « vivre ensemble » s’est « communautarisé » au point que des groupes d’individus ou d’ethnies se sont recroquevillés sur eux-mêmes pour retrouver une forme d’identité distincte déviante de l’identité nationale. Ces communautés, qui existe toujours, ont choisi de s’auto confiner dans un étroit entre-soi, en se choisissant leur « chef » sur des bases légitimant la communauté ethnique aux dépens de la communauté nationale, voire de la Diaspora.
Ces trois identités se sont fondues en un conflit intérieur que certains croient résoudre dans une fuite en avant caractérisée par la bouc-émissarisation, le surnaturel, l’ésotérisme, le religieux ou paradoxalement, dans la politique. L’identité de ce type de citoyenne ou de citoyen togolais se caractérise par l’égoïsme et la couardise.
Autrement dit, selon eux et au sens propre du terme, on ne « mange » pas les valeurs, aussi il faut s’occuper de résoudre les problèmes individuels, et plus largement ceux de sa famille ou de sa communauté – et immédiatement. Tous les moyens pour y parvenir sont alors mis en alerte et en concurrence. Le goût pour l’immédiateté et la facilité a conduit inexorablement à refuser la réflexion sur le long terme et à privilégier la décision de court terme. Ceux-là n’ont pas compris que l’individualisme est la pire des impasses car il conduit au repli sur soi et annihile la réflexion collective, que la résolution des problèmes à titre individuel ou communautaire résulte en grande part de la cohérence ou non de politiques nationales.
Ce mépris de l’anticipation doublé d’une forme d’incivisme quasiment institutionnalisé, a conduit à un mépris des « conseils » et à considérer comme des « donneurs de leçons », ceux qui osent encore faire des rappels sur l’intangibilité des « valeurs positives » pour garantir la possibilité de « vivre ensemble » en harmonie.
Il ne faut donc pas s’étonner qu’à un moment ou un autre – surtout face aux contradictions générées par les abus du pouvoir lorsqu’ils se retournent contre ceux-là mêmes qui les justifiaient tant qu’ils ou elles en bénéficiaient -, cette citoyenne togolaise ou ce citoyen togolais se retrouvent piégés, et constatent au mieux que quelque chose « ne va pas ».
Ce qui cloche suppose de la réflexion et de la profondeur d’analyse. Mais adepte du raccourci en analyse et réflexion, une grande majorité du peuple togolais tend à considérer que « ce qui cloche » ne peut venir que du voisin ou du pouvoir en place. La facilité veut qu’il soit plus facile de s’attaquer à autrui, -famille ou pas-, si possible par les voies de l’invisible, et ne laissant pas de preuves, que de se livrer à une introspection…
La réalité est qu’il y a eu malgré tout depuis l’assassinat en 1963, par des mercenaires diligentés par l’ex-colonisateur du premier président élu en Afrique, Sylvanus Olympio, une prise de conscience que la voie choisie par les dirigeants du Togo entre 1963 et 2022 semble suivre une courbe parallèle des désiderata d’une puissance étrangère contrôlant indirectement l’Etat togolais.
Aujourd’hui en 2022, avec un règne du père et du fils Gnassingbé entre 1967 et 2022, il faut bien constater une prise de conscience du Peuple togolais,
- de l’indifférence du riche envers le pauvre ;
- du dominant envers le dominé ;
- de l’homme sur la femme ;
- du bien portant sur l’handicapé ;
- de l’automobiliste sur le piéton ;
- du fonctionnaire sur le travailleur du privé ;
- de l’ethnie au pouvoir sur les autres communautés considérées comme des supplétifs ou des subalternes ; etc.
Cette altérité entre le « Je » et le « nous » du Peuple togolais comme de l’individu togolais a déconstruit l’identité de soi à soi pour la remplacer par un mystérieux dédoublement du « je » en « nous », puis du « nous » en « l’autre », puis de « l’autre » à mon « bienfaiteur » ou « mon ennemi », c’est selon que le « je », en profite ou pas.
Comme cette dialectique est dynamique, le jeu du dédoublement de la personnalité touche autant l’individu, que la famille, l’ethnie, la communauté ou le Peuple tout entier. Le « je » désincarné par l’intime anomalie d’un « je » déconscientisé et déresponsabilisé, devient un « je » malléable à merci et adepte de l’impunité puisqu’il s’agit de l’autre. Cet autre, un dédoublement du « je », est alors irresponsable, car n’ayant plus le courage de se battre pour des valeurs prônées « verbalement », mais n’ayant que peu de chances de saisir les opportunités que peut offrir une organisation et un leadership de revalorisation des valeurs ancestrales de liberté, d’indépendance, d’égalité des chances, de justice, de solidarité et du vivre ensemble.
Ce « je » togolais dédoublé est devenu dangereux, parfois maléfique et souvent monstrueux pour lui-même, et à fortiori pour la collectivité. Le problème est que cela est contagieux dans un milieu fermé, massacré par une médiatisation sous contrôle de l’Etat dominateur, et de ce fait une population locale peu encline à pouvoir rechercher des points de comparaison entre sa situation et le monde extérieur. De fait, le « je » qui s’est muté en un « nous » choisit de « vivre en s’accommodant des anti-valeurs ». La conséquence est que pour de nombreux Togolaises et Togolais, cela ne dérange plus, cela ne gêne plus, pire, cela n’interroge même plus, sauf quand cette citoyenne ou ce citoyen devient une victime du système et crie avec fracas au scandale. Par analogie et récurrence, et au lieu de s’organiser pour que cela ne recommence pas, chacun se terre dans son « je » devenu un « nous » terrorisé par le pouvoir Gnassingbé.
Le Peuple togolais est invité à faire son « mea culpa intérieur » et de réfléchir à la véritable nature de forces qui ont été capables d’imposer le statu quo de type dictatorial au Togo jusqu’à ce jour. La formulation qui pourrait l’aider à sortir de sa longue hypnose autoentretenue par le système des Gnassingbé, peut se fonder sur la vision d’un Togo nouveau : « Togo, le pays des citoyennes et citoyens humains, dignes et solidaires. »
11. SORTIR LE PEUPLE TOGOLAIS DE CERTAINS MYTHES HANDICAPANTS
Si la fatalité a poussé collectivement le Peuple togolais à brider son « audace », les adeptes de la malédiction ne sont pas moins dangereux pour neutraliser les initiatives en faveur de la libération du Peuple togolais et du Togo. La malédiction est un concept irrationnel qui échappe à la raison et à la connaissance pour justifier l’inaction voire la léthargie de celles et de ceux qui, pétrifiés par la peur, acceptent la résignation et collaborent malgré eux avec un régime autoritaire qu’ils n’aimeraient ni avoir ni servir dans les conditions normales. Le recours durant plus de 54 ans à la brutalité, la violence systématique, l’application malveillante de la psychologie comportementale et la propagande de guerre a plongé une grande partie du peuple dans la torpeur et dans un état léthargique générant des pathologies neurologiques et psychiatriques. L’en sortir pour en faire des acteurs de leur vie, de leur histoire, des citoyennes et des citoyens libres et dignes semble être une gageure. Pourtant c’est la question fondamentale que l’opposition véritable, qui prône l’alternative, devra résoudre pour construire la résistance afin de relancer la lutte de libération nationale.
Au Togo, le « Bien commun » du Peuple togolais, s’est transformé en « Bien privé » des Gnassingbé et affidés, en interne comme à l’international. En effet, ce sont, l’absence de vérité des comptes publics et les surplus de la manne pétrolière togolaise qui servent principalement à organiser le maintien au pouvoir de l’ensemble du système Gnassingbé, et donc à maintenir la citoyenne togolais et le citoyen togolais dans :
- le mythe du pardon sans justice ;
- le mythe de l’arrangement à l’amiable la nuit et sans témoins avec le pouvoir en place ;
- le mythe de l’achat des consciences par l’argent reçu immédiatement en contre partie du silence absolu, au détriment de la vérité et de la transparence dans le futur ;
- le mythe du contrôle absolu de tous les pouvoirs au Togo au moyen de la répression, par l’interdiction de toutes réunions politiques à l’exception de celles du parti UNIR au pouvoir, par le maintien de centaines de prisonniers politiques innocents en prison, assorti en filigrane du plaisir sadique et jouissif, de voir des familles inquiètes et apeurées, défiler pour quémander une grâce présidentielle à titre « individuel », obligées parfois de se soumettre à quelques exigences sordides de droit de cuissage.
12. RETROUVER LES VALEUR PRÔNÉES PAR DIEU, LE CRÉATEUR DES AFRICAINS
Il y a lieu de retrouver la notion de dignité humaine et de respect des valeurs au plan individuel avant de penser conscientiser la majorité du Peuple togolais. Pour cela, il faut que chacun soit convaincu qu’il y a lieu de repenser la notion de « vivre ensemble » et la teneur de son contenu, les équilibres sociaux étant censés permettre l’égalité des chances pour tout un chacun au Togo. Les règles qui permettent à une nation de « vivre ensemble » en harmonie, sont du ressort exclusif de la politique et ne peuvent passer dans la pratique sans le respect et la mise en œuvre à titre individuel des principes de la Maât : ordre, vérité, justice, et des valeurs positives qui fondent les règles de fonctionnement au sein d’une société. A ce titre l’incivilité ne doit pas avoir sa place au Togo. Pourtant, c’est au constat d’une augmentation exponentielle de ce phénomène que l’on juge de l’immaturité d’une partie du peuple togolais à retrouver les notions de respect de l’autre, la pratique de la vérité et de la justice, afin de tirer les dividendes positifs de l’esprit d’équipe, une valeur essentielle pour une cohésion et une vie ensemble au sein d’une nation commune.
Il n’y aura pas de solutions pérennes tant que les indignations, parfois hypocrites, feront office de lutte pour l’alternance politique au Togo. Face au constat d’un déni de justice prononcé par les plus hauts magistrats de la Cour constitutionnelle togolaise, le Peuple togolais est invité à refuser d’avaler des « couleuvres », voire des « boas et des pythons ». A défaut, le « choc » de l’injustice, de l’abus de pouvoir et de l’abus de droit pour des personnes qui se faisaient une haute idée du « vivre ensemble » pourrait être fatal pour la majorité des victimes togolaises du système Gnassingbé.
C’est le moment de reconnaître qu’une partie de ce Peuple togolais, souvent en catimini, a rejeté Dieu et ses préceptes dans ses pratiques quotidiennes. En fait, il s’agit d’une véritable trahison des préceptes divins, quelque soient les sources d’apprentissage. Les malheurs de ce Peuple togolais qui doivent subir le système Gnassingbé sont à interpréter à l’aune de ce constat. Encore faut-il que la partie du Peuple qui opte pour l’alternance politique, accepte de reconnaître qu’il n’y a pas de fatalité en soi, mais qu’une certaine volonté de Dieu de délivrance du Peuple togolais, passe par une victoire spirituelle sur ceux qui ont mis le Togo en esclavage.
Le Peuple togolais est invité à prendre conscience que la victoire de l’alternance politique passe par une victoire spirituelle doublée d’une victoire sur la peur intériorisée, découlant de l’institutionnalisation de la psychopathologie clinique. Ceux qui contrôlent le pays et ses habitants spirituellement doivent savoir que le Dieu des Africains et des ancêtres africains angélisés n’ont jamais été du côté de l’usurpation, de l’hypocrisie, de la torture. Alors Peuple togolais, cherche à respecter les principes africains de la Maât, -vérité, justice et solidarité- et ton innocence retrouvée fera sortir Faure Gnassingbé et ses affidés du Togo, et peut-être même du « Livre de la vie ».
Alors pour trouver une solution pérenne à ce qui ne va pas chez une partie du Peuple togolais, il faudra nécessairement retrouver la confiance entre les dirigeants exemplaires et éthiques et le peuple-citoyen[12]. RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA proposent un projet de transition politique sur la base d’une Charte de la Mutation du Togo.
Le 1er octobre 2022.
La Direction du :
Réseau de Coordination de la Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI) et du Collectif pour la Vérité des Urnes-Diaspora Togo (CVU-TOGO-DIASPORA) en partenariat avec toutes personnalités ou structures de la société civile indépendantes.
SIGNATAIRES : RCDTI, CVU-TOGO-DIASPORA, PARTENAIRES ET SYMPATHISANTS :
- Yves Ekoué AMAÏZO, Dr.
- Jean-Pierre Akoété BALIKPO
- Ernesto D’ALMEIDA, Dr.
- Mathieu D’ALMEIDA
- Koffi DEKU, Ing.
- François FABREGAT
- Geneviève MOUTON
- Antoine RANDOLPH, Dr.
- ————-Contact et Coordination : info@cvu-togo-diaspora.org et rcdti@cvu-togo-diaspora.org
Note : Toutes les personnalités ou associations qui souhaitent être signataires des textes de RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA peuvent le faire en écrivant par courrier électronique à l’adresse ci-dessous. Ils ou elles auront l’occasion de participer à l’une ou l’autre des téléconférences fondant notre démocratie participative et proposer des solutions dans le cadre du projet de société commun pour l’avenir du Togo en vue d’une transition.